THIERRY RENARD
Quelques ouvrages à lire ou à relire, pour le temps de l’été, parce que la poésie, sous toutes ses formes et dans ses nombreux états, est plus que jamais « nécessaire au jour blessé d’aujourd’hui ».
Il y a quelques livres, rares, qu’on ne cesse de relire, dont on ne parvient plus à se défaire. La Chaise de Van Gogh, de Paola Pigani, compte parmi ces recueils. Histoire de chaises, vides pour la plupart, de vieilles chaises trouvées par hasard, celle de Vincent, le peintre devenu célèbre après sa mort, et celles, plus nombreuses, de Lino, le familier, tous les deux réunis pour l’occasion. Car cet ouvrage sonne comme un hommage aux accents de nostalgie. Le père, immigré italien, ouvrier-paysan, trieur de ferraille, saute d’une langue à l’autre. Le père est ici le personnage principal, au milieu des phrases offertes comme des vers accomplis, et comme des toiles peintes. Mais c’est la mère qui continue de faire lever la pâte à pizza. Et il reste tous les souvenirs, l’odeur du feu dans l’enfance, le bout du champ, les ciels d’hiver, les mains du père, la polenta, le dernier exil… À lire et à relire, sans fin. Un poème-récit où chaque mot compte. Émotion garantie.
[ La Chaise de Van Gogh , Paola Pigani, éditions La Boucherie littéraire, collection Sur le billot, février 2021. 15 €.]