RAPHAËL MONTICELLI
/ article dans revue
Le journal intermittent est né en 2001. Pour des raisons professionnelles, j’avais quitté la présidence de l’association des amis de l’Amourier, laissant la place à Alain Freixe. Les amis m’ont alors demandé de garder une présence dans l’association, par exemple en intervenant dans le Basilic, la gazette de l’association. J’ai alors proposé l’idée d’un "journal" que je tiendrais à leur demande quand la place le permettrait dans le Basilic.
C’est ainsi qu’aujourd’hui encore, de façon intermittente, à leur demande, je poursuis ces petites interventions.
Je reprends toutes ici, dans l’ordre chronologique... Et comme leur forme et leurs sujets correspondent à l’esthétique des Bribes, je les place dans cette rubrique...
(On peut consulter tous les numéros du Basilic à l’adresse https://www.amourier.fr/gazette-basilic/)
Petit souvenir d’école
J’avais cinq ou six ans, je devais être au cours préparatoire... notre instituteur nous avait distribué des gabarits en carton de la carte de France... Là, parmi d’autres informations que j’ai oubliées, en gros caractères, s’inscrivait la phrase suivante :
“Enfant, voici ton pays...”
Ne parlons ni de mon trouble de petit Italien, ni de mes discussions avec le maître, ni de mes vaines recherches
pour trouver, en Italie, une carte analogue.
Il m’est resté ce rêve de donner à tous les enfants d’Hommes des cartes analogues et qui leur diraient aussi précisément : “ Enfant, voici toutes les œuvres du monde, elles sont à toi, voici tous les livres qui ont été écrits, ils t’appartiennent. ”
Il m’est resté ce rêve, et il ne me quitte jamais...
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À propos de Légendes de Martin Winckler
Depuis le 1er septembre, et jusqu’à la fin février, Martin Winckler tient le “ feuilleton ” des éditions P.O.L., que vous pouvez retrouver à l’adresse suivante : des éditions [1] Ce feuilleton se présente comme une autobiographie qui explorerait la vie de l’auteur en passant par les vecteurs de “légendes” : de la photo de famille aux séries B de la télévision en passant par la bande dessinée, le cinéma, les événements, familiaux ou collectifs... Je suis pris par des sentiments fort divers en suivant ce feuilleton... Mais peu à peu se dessine une œuvre qui peut-être donne une forme nouvelle au genre de l’autobographie et qui, à coup sûr, est en train de changer le statut de ce que l’on appelle la culture populaire. En tout cas, ça vaut le coup. Allez-y voir !
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À propos de l’exposition de Gérald Thupinier au MAMAC de Nice, jusqu’au 20 janvier 2002.
Petit à petit le musée de Nice expose les peintres qui travaillent à Nice, même s’ils ne sont pas répertoriés, estampillés, classés...
L’exposition de Gérald Thupinier est impressionnante. Il est rare de se retrouver face à un ensemble d’œuvres aussi “présentes” et qui – paradoxalement ?– questionnent aussi violemment la disparition, ou l’évanescence... Un petit critère psycho-physique personnel : quand je regarde les œuvres de GT dans le musée, j’ai l’impression de flotter. C’est une impression analogue à celle que connaît, parfois, le rêveur. Je sais alors que cela signifie que ce n’est plus l’espace physique dans lequel j’évolue qui me sert de référence – ce n’est donc plus le sol sur lequel je pose mes pieds – mais l’espace de l’œuvre exposée...
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À propos du bâtiment de la nouvelle médiathèque de Nice à vocation... régionale, dit “la tête au carré”. Imaginez ça... Il n’y a plus d’oreilles, plus de narines, plus de bouche, plus d’yeux, plus de crâne, plus de cerveau. Rien ne peut plus entrer ici. Rien ne peut plus en sortir. Il ne resterait plus que ce fameux mouvement de menton, assez mou malgré tout... Moi, ça me fait froid dans le dos...
[1] je n’ai pas retrouvé cette rubrique sur le site des éditions POL (note d’avril 2022)