CHRISTIAN ARTHAUD
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L’art de son temps vu par Pierre Jean Jouve
Pierre Jean Jouve : Apologie du poète. Guy Lévis Mano, 1947. [texte de conférences données en Angleterre et en Belgique]
Une effrayante agitation a saisi l’art contemporain. On annonce, on réalise, on proclame une rupture avec la tradition, avec toute tradition ; on oublie à dessein toutes les structures, et l’on introduit dans l’art n’importe quoi : l’automatisme mental, les rêves truqués, la folie considérée comme un symptôme divin, et en sens contraire l’abstraction, la science atomistique ou le matérialisme dialectique ; on bâtit des romans métaphysiques sur la sordidité ; on brouille tous les jeux et on entasse les « œuvres »… pareille rupture insincère ne peut pas être acceptée. Et quand l’opération brutale prétend être faite « pour le peuple », alors laissez-nous rire… Il y a tromperie à la création… On ne peut supporter que l’art se déguise en délire… Après de tels excès de laideur, on peut craindre, soit des autodafés, soit la complète indifférence publique.