PATRICK JOQUEL
Il y avait eu les éphémères publiés en ligne sur ce site en 2010.Retour ligne automatiqueRetour ligne automatique
Il y a eu les éphémères du passant aux éditions Océanes, les éphémères du bouquetin aux éditions Corps Puce et puis en 21, avec le thème du Printemps des Poètes 22, j’ai repris ce type d’écriture. Voici donc Les Éphèmères 2021.
éphémère du 6 octobre 21
Samantha Delange
L’étang. Au loin. L’infini. Horizon mer. L’étang. Le vent. Les goélands et autres mouettes. Vols stationnaires. Arabesques. J’imagine le plaisir de voler. La joie fluide. Mais la mouette ? Que ressent elle ? Qu’est-ce qui la tient en l’air ? L’étang. Les flamands roses. Les pattes dans l’eau. Le bec aussi. Quelle est sa perception de l’étang ? Juste un bol de crevettes ? ou bien ? De la planète ? Du réchauffement ? À rester la tête sous l’eau ? Je n’aimerais pas me ré incarner en flamand rose. Tant pis pour la beauté mais je souhaite pour moi d’autres horizons.
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éphémère du 25 octobre à Raphaël Thélème
aurore. Douche solaire. Les yeux fermés. La mer ouverte. Respirer. Sourire. Écouter les vagues. Un jour offert. Un corps. Je dis « mon corps ». M’appartient-il vraiment ? Je ne comprends rien à ce cœur qui bat et ce sang qui le traverse. Des émotions le palpitent. Il porte en lui des fragments de l’histoire de la vie. Patrimoine génétique on dit. Tous bien enroulés en double hélice. Drôle d’aventure. Unique le temps de ce corps. Partagée avec l’univers entier tout au long de cette double hélice. « Comment broyer du noir longtemps alors ? » se moque un goéland.
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éphémère du 27 octobre aux Touzeil
les mélèzes. Dorés. Avec à chaque inspiration cette odeur sèche et rousse. Cette douceur aux yeux. Ce clair silence. Et sous le pas le léger croustillé d’un sol à peine givré. Les mélèzes. Cette lumière bleu or sur la moquette herbes rases et fines aiguilles. Ce poncho ciel solaire à l’épaule. Les mélèzes. Leurs frémissements sous le vent foid. Leurs averses d’aiguilles sur mon passage.
Les mélèzes. La sérénité. En toute saison.
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éphémère du 31 octobre
Gaël Pezron
Le micocoulier du portail. Le vent d’Est automne et ses gris. Je contemple le tapis de feuilles. J’entends fruire celles qui aversent. Beauté aérienne. Éclatante. Comment imaginer que le micocoulier ait produit autant de feuilles. Sol couvert, il en reste encore à foison dans les branches. Une fortune pour le bouquiniste des feuilles envolées. Une brassée de gestes méditatifs pour le râteleur. Du bruit pour le souffleur. Des traîne-savates pour les enfants et moi. Chacun son automne. Le mien se joue au regard. Observation de l’évolution des couleurs sur l’arbre et sur le sol. Tapis mouvant de lumières variables. Avec le vent, la pluie ou le soleil. Avant l’extinction totale des feux.