THIERRY RENARD
Clermont-Ferrand, le vendredi 19 novembre 2021 ;
Vénissieux, le dimanche 21 novembre
J’ai dans mon ciel de novembre un autre ciel pour le futur. J’ai des tas de rêves en perdition, que je ne parviens pas toujours à rassembler. J’ai une nomenclature dérivée des revers, des échecs et des plus vaines gloires. J’ai, devant moi, un parcours international depuis le premier jour de ma vie. Je ne suis pas encore mort, et c’est miracle. Je vis et je marche en sursis sur la corde raide du temps. J’ai un piège dérobé aux heures mornes, une longue piste, reconnaissable entre toutes. Et je la suis. Je creuse mon trou, ou j’enfonce mon clou.
Je pars et, en même temps, je reste.
Je pars, mais toujours je reviens.
Je vais où mes pas me guident.
Il m’arrive de boire un coup, ou deux, ou trois... Il m’arrive d’être totalement à jeun, sobre et chic. Cela dépend des moments et du stress, et des angoisses liées aux événements...
Il m’arrive de pencher du bon ou du mauvais côté. Il m’arrive, aussi, de me tenir debout et droit dans mes bottes. Je suis un être changeant, comme la plupart des êtres humains sur la terre. Je ne manie avec grâce aucune certitude. Et pourtant je fouille, je fouille, je fouille. Je continue de fouiller.
Ce que je cherche se trouve sûrement quelque part, enfoui en moi.
Et puis j’arpente, à mes heures les plus rétrécies, les terres désolées de la conscience. Elles se confondent avec la vision presque surnaturelle de ces paysages d’automne, en milieu de matinée, entre Clermont-Ferrand et Saint-Étienne, où la brume et le soleil se disputent déjà un morceau de jour plus grand qu’eux. Champs et forêts, au bord des villages, tenus immobiles dans un coin de ma pensée.