RAPHAËL MONTICELLI
Voici encore un texte que j’avais oublié. Marcel Alocco me l’a fait parvenir en ce mois d’août 2021. Il existe deux versions de ce texte, toutes deux de 1984. Celles qui fut publié dans le n° 7 de la revue Kanal, et cette autre, extraite de la première, qui a servi de préface à une exposition de l’artiste à la galerie 15 de Lille. Seule cette dernière a, pour l’instant été retrouvée.
Ceci… Pour prendre mesure. L’œuvre d’Alocco se construit autour de la constante des images. Images en contrepoint, référence, prétexte, chargées déjà, quand elles paraissent, de paroles ou murmures, d’habitudes de l’œil et du corps, de furtives caresses, de culture en somme, et acclimatées, ou greffées sous des cieux différents, dans des écologies autres que celles de leurs origines ; la toile qui les reçoit tient peut-être moins du musée que du zoo ou, mieux, du jardin d’acclimatation : elles ne sont pas montrées là, uniques en leur espèce et comme éternellement posées, focalisant temps et espaces dans la protection d’hygrométries figées et de températures stables, sous la lumière filtrée de projecteurs préréglés, mais vivant d’une vie maintenant toujours autre, produisant et se reproduisant, transformant — de subtile et irréversible façon — le lieu
choisi et préparé pour les accueillir et s’en transformant : vivantes et donc mourant, faisant du lieu
qui les fait naître et vivre leur tombeau, leur monument.
Alocco accélère et diversifie l’œuvre du temps sur les lieux, construit les lieux de l’accélération et de la diversité des temps. || est ainsi les temps calmes des choix, ou du tri, saisies de sigles, lettres, figures communes de notre banalité quotidienne, personnages infantiles reproduits à des milliards d’exermplaires, fourmilière d’images issues des B.D., de contes naïfs ou de niaises anecdotes, d’échanges courants, emportés dans le tourbillon d’un regard comme pour en orner les frontières dans d’infinis jeux de miroir : des échos de la modernité de l’art ou de sa renaissance, souvenirs rupestres, échos de drippings, hommages distants à Matisse, Picasso,
Léger ou Mondrian, songes de l’œil surgissant en flashes, couvrant temps et espaces, du Japon classique au Sahara préhistorique, des millénaires chinois aux temps aigus de nos éphémères avant-gardes, et, chargé de tout ce qui le fait œil, jalonne sa marche — ou sa démarche — de tout, et à tqut paie son tribut ; recherche, enfin, d’opéras d’images, poncuant les voyages, ou les justifiant : renaissante ltalie aperçue, reconnue, au fond d’une galerie d’Avignon, Flandre florentine, images de femmes, hésitant entre l’innocence des nudités originelles, la pureté d’un rêve paien et les indolentes amours des madonnes chrétiennes.
fondre en un seul objet — indissoliublement — image et support, transformer le toile pour transformer l’image, défaire l’une défaisant l’autre et ainsi faire œuvre.