De la manifestation
C’était encore une lubie de Dieu de répéter à Josué qu’il était temps non de parler mais d’agir, qu’il fallait prendre au sérieux toutes ces questions de passage ; Dieu était ainsi : autant il était l’essence même de la permanence (dire "il était" suffirait d’ailleurs à rendre compte de sa pérennité) autant les transformations le fascinaient, les transitions, les ponctuations l’obsédaient, il avait la passion des métamorphoses, et il ne se révélait jamais tant que lorsqu’il lui fallait signifier, annoncer, prévoir, rappeler, désigner ou mettre en évidence un changement d’état, non qu’il apparût en quelque façon : bien que la chose ne lui eût pas été impossible (en tout cas il est tout à fait impossible de penser que quoi que ce soit pût faire échec à son pouvoir) il avait dédaigné de paraître, mais avait un goût inné pour se manifester. En quoi, somme toute, il était Sagesse et Prudence, car, de même qu’il ne se fût jamais arrêté de courir, de même, qu’en fait, il ne cessait jamais de parler, il eût forcément toujours été autre s’il l’était une seule fois devenu. Ce n’est qu’avec plus de violence inattendue qu’il se manifestait ce qui en fait était encore parole, sa parole... Josué - quant à lui- écoutait et la lassitude le saisissait. "Ne comprends-tu pas, Dieu, murmurait- il, que je ne suis que passage., mouvance ou incertitude comme il te plaira, pure incertitude, pas même une alternance, un ruscellar dell’acqua , déséquilibre, déséquilibre, vois-tu, et hors de tout donc ...
Je suis le roc