MICHEL DIAZ
s’il lui faut, en dépit de tout, avancer comme avance cet « homme qui marche », réduit au bronze décharné de son opiniâtre présence, aux os durs de sa silhouette, mais résolu à avancer, si fragile pourtant et si nu
celui-là, qui arrache ses pieds englués dans la glaise comme à l’impossible des pas, regarde droit vers l’horizon, scrutant son devenir
s’il lui faut s’efforcer de vivre, dans le bruissement de l’effort, tel un homme debout, marchant et vivant au risque de la lumière, lui faut-il donc sans cesse tout réinventer ?
même l’espoir ? et toujours au bord de l’effondrement qui, chaque matin au réveil, nous menace ? le regard qui cherche ses yeux ? ou le mot qui cherche sa bouche ? ou le geste qui cherche la main qui pourrait le tracer pour tenter de nous délivrer ?
ces mots qui, nous le savons bien, mon ami, ne sont que les préliminaires d’un silence avec lequel, toujours, il nous faut composer, comme avec sa respiration ou le battement de son cœur qui, à chaque seconde, risque de nous manquer