BRIBES EN LIGNE
ecrire les couleurs du monde « h&eacut le 26 août 1887, depuis   le bulletin de l’envers de et tout avait clquez sur page suivante ► page vos estes proz e vostre viallat © le château de dernier vers aoi voir les bifaces de b. page suivante ► page g. duchêne, écriture le vers stat silva dolorosa il est le jongleur de lui    si tout au long antoine simon 30 les embrassées , cantilène pour jean marie deuxième suite textes mis en ligne en station 7 : as-tu vu judas se ouverture de l’espace en guise s’ouvre la textes mis en ligne en aller à la liste des c’est une sorte de page suivante ► page oui la alberto arbasino : les éditions colophonarte vers avant-œuvre ► mots, le franchissement des page précédente page  hors du corps pas À hélène   ces notes si tu es étudiant en carissimo ulisse, torna a 1254 : naissance de laudatu sii, mi signore, petits rien 4 et 5 (env. 7cm quel ennui, mortel pour   (à est-ce parce que, petit, on     " page d’accueil de agnus dei qui tollis peccata aller à la bribe suivante alocco, au château de comme c’est il regarde il écoute il   tout est toujours en page suivante ► ce pays que       ...mais       l’ le slam ? une ruse de voir aussi boltanski galerie aller à la liste des auteurs journée de       ce qui tes chaussures au bas de la toile, d’avatar en  monde rassemblé les étourneaux ! à rare moment de bonheur, il a surgi sans crier creuser de la langue, outil de sorte que bientôt aller à la liste des auteurs       sur le naviguer dans le bazar de la tentation du survol, à   pour olivier de prime abord, il il y a tant de saints sur textes mis en ligne en mars bernard dejonghe... depuis       au soir fragilité humaine. il nous aura laissé sommaire des contributions       allong&e si c’est ça, que nos princes et empereurs et combien pour rico roberto   ce antoine simon 9 attendre. mot terrible. par max et andré voir les questions de r. si elle est belle ? je dernier vers aoi       la   nous sommes un titre : il infuse sa attelage ii est une œuvre s’il lui faut, en dépit de aller à la liste des auteurs beaucoup de merveilles vers musica maestro !         ++++   en prenant acte prologue et puis t’es dernier vers s’il un homme dans la rue se prend 1 au retour au moment mathieu bénézet : mon       la sous la pression des page suivante ► r.m. a toi       nuage je serai toujours attentif à je déambule et suis il ne s’agit pas de  il y a le châssis, 1. passera-t-on par l’eau ajout de fichiers sons dans   pour théa et ses   adagio   je kurt schwitters. :   un vendredi sommaire ► page voici des œuvres qui, le       l’ des voiles de longs cheveux ce texte m’a été       la le geste de l’ancienne,   encore une commençons donc par le pur ceste espee ai dulor e ainsi alfred…       dans dans les horizons de boue, de vers ponctuations il en est des noms comme du   le texte suivant a pour alain borer le 26 notre but n’est pas de (de)lecta lucta   textes mis en ligne en avril       apr&egra onzième passet li jurz, si turnet a 1     pour mougins. décembre       mouette une il faut dire les parcourir les espaces ► sculpter l’air : rafale       la       banlieue dernier vers aoi dernier vers aoi je crie la rue mue douleur dans un coin de nice, montagnes de bruno mendonça ► abÉcÉdaire à jean     tout autour je suis celle qui trompe   si vous souhaitez       embarq passet li jurz, la noit est       le ciel dernier vers que mort j’pense à toi bruno pour julius baltazar 1 le le chêne de dodonne (i) lancinant ô lancinant aller au sommaire de pablo page suivante ► page pour anne slacik ecrire est cent dix remarques i► cent page suivante ► page       baie rm : tu as décidé page d’accueil de  les éditions de pour andré la fraîcheur et la de proche en proche tous à raphaël pas facile d’ajuster le       soleil cela fait 53 ans que je rafale n° 12 où pour jean-louis cantin 1.- encore la couleur, mais cette malgré ses formules d’abord l’échange des cet article est paru dans le haut var ► brec nous serons toujours ces bribes dans le nid de dernier vers aoi même si le coeur du dernier vers aoi       m’ les dessins de martine orsoni a-t-on remarqué à quel   un dieu faisait silence, mais       que de seul dans la rue je ris la vers jean-jacques, peintre nous lirons deux extraits de sommaire ► page suivante       dans le dernier vers aoi qu’est-ce qui est en le chêne de dodonne (i) générations       un rimbaud a donc       le tous feux éteints. des un temps hors du sous ce titre inspiré de la madame, vous débusquez inoubliables, les pas sur coussin d’air mais madame dans l’ombre des antoine simon 13 le chêne de dodonne (i) le poiseau de parisi mon douze (se fait terre se lorsqu’on connaît une       "j& petites proses sur terre  c’était naviguer dans le bazar de coupé le son à le peintre manuel casimiro j’ai travaillé dans l’effilé de       en deux envoi du bulletin de bribes       sur un soir à paris au a-t-il textes mis en ligne en rafale a la femme au       sur le       bruyante bien sûr la "pour tes autre citation voile de nuit à la       qui       sur le deux mille ans nous dernier vers aoi dernier vers aoi rafale n° 5 un 1. on est un peu fatigués de si vous entendez le lac effrayante humilité de ces merci à marc alpozzo     sur la il aurait voulu être une errance de le grand combat :   iv    vers carles li reis en ad prise sa vers la lettre ouverte au       un page précédente page       pav&eacu au centre des quartiers de approche d’une et si au premier jour il page suivante page  les œuvres de       objectif j’ai parlé page d’accueil de le dernier recueil de       reine depuis quelques années se dernier vers aoi today i eat my page suivante page noble folie de josué, sommaire ► page suivante le film sur annie sidro et le dernier vers doel i avrat,      & deux ce travail vous est pour accéder au texte, aller au sommaire des raphaël monticelli 30 juin des voix percent, racontent préparer le ciel i 1. il se trouve que je suis       force grande lune pourpre dont les       le la visite de la fondation aller à la liste des auteurs   marcel       fourmi&n i.- avaler l’art par paul page précédente longue pour m.b. quand je me heurte page d’accueil de abords de l’inaccessible aller à la bribe suivante  le grand brassage des madame est une       aujourd trois tentatives desesperees le galop du poème me sommaire ► page suivante madame, on ne la voit jamais page précédente retour pour michèle gazier 1 sommaire des contributions       neige je suis quand on arrive de new-york À alessandra page suivante ► page   en grec, morías       m’ onze sous les cercles       marche si grant dol ai que ne mes pensées restent       le à yvon « oui, dernier vers aoi page suivante ► page aller à la liste des auteurs préparer le ciel ii 1) les terrasses abandonnées pour michèle auer et ils s’étaient présentation du projet une image surgit traverse le on cheval de toutes les dernier vers aoi ce mot comme à la hâte alain lestiÉ un art de la       parfois       fleur       " aller à la bribe suivante nous serons toujours ces    7 artistes et 1 lorsque martine orsoni pour écouter la lecture, glaciation entre lorsque la langue dérape, le le voici devant la toile sur l’erbe verte si est sequence chaises, tables, verres,       jonathan je ne saurais dire avec assez 1- c’est dans la gaucherie à vivre, dernier vers aoi       longtemp avant-dire  “... l’appel tonitruant du préparer le ciel i essai de nécrologie, présentation du projet ouvrir la série des pages monde imaginal, a propos de quatre oeuvres de raphaël monticelli : page suivante page textes mis en ligne en avril       entre "tu sais ce que c’est le phonétisme n’a-t-il pas À venise je dispose, sur le parmi les éditeurs la parol

Retour à l'accueil

RAPHAEL MONTICELLI

La peinture, quelques enjeux
Publication en ligne : 2 août 2020

Éléments en vue d’une conférence à l’école d’art de Luminy en 1988


J’imagine que, comme tout un chacun, j’éprouve ce sentiment d’une affligeante banalité d’être constamment en recherche d’un statut... Si j’écris dans une quelconque revue, c’est pourtant sans pouvoir me prétendre critique. Si j’ouvre un lieu de présentation de l’art, je ne cherche ni à intégrer le marché, ni d’ailleurs à le refuser, je ne suis pas marchand, et ce n’est pas une galerie. Si je réfléchis sur l’art, c’est sans les exigences du philosophe, si je veux situer une oeuvre, c’est sans la rigueur de l’historien. Et si je viens dans une école d’art c’est encore, très banalement, à un titre plutôt indéterminé.
Pourtant, si la critique d’art est cette esthétique en mouvement dont parle Gramsci quelque part, si le critique, c’est cet amateur qui doit porter sur le travail des artistes de son temps un regard en sympathie, c’est bien là le statut que je revendique... Un regard en sympathie sur les faits de l’art autour de moi...
Voilà donc ce que je voudrais vous proposer le regard d’un amateur et d’un témoin, et plus d’un témoin que d’un amateur... Ce n’est en effet pas parce que j’aimais l’art que je je cherche à en être témoin, mais bien plutôt parce que, placé finalement sans que je l’aie forcément voulu dans la position de témoin, se forme chaque jour une face nouvelle de mon amour de l’art.
Mais en même temps, il faut absolument que je dise que j’ai, depuis que je suis en âge de distinguer l’art, l’impression d’être entré dans ce domaine de force, et tout en revendiquant ma passion de l’art, j’ai cette peut-être fort banale impression que je suis un intrus. Et en même temps si je revendique mon intrusion c’est que je revendique d’abord ce que l’art m’apporte, nous apporte et à quoi je n’avais pas forcément droit... A quoi je ne pouvais avoir droit que par force...

++++

Je vous propose sur l’art le regard d’un intrus qui se prétend témoin non parce qu’il est seul en cause mais parce que, à l’instar du témoin du christianisme, il n’a pas décidé seul de porter témoignage, il ne porte témoignage que parce que ça lui a été demandé... Ainsi se définit dans le christianisme une vocation... Vocation parce qu’appel... Le témoin, oui, c’est bien celui qui fait intrusion là où personne ne l’attendait parce qu’il répond à un appel qui le dépasse et auquel ni lui ni d’autres ne s’attendaient. C’est bien aussi celui qui prend ou apprend, plus que celui qu’on enseigne.
Je vous propose sur l’art un regard qui pourrait être le vôtre, pour peu que vous soyez aussi intrus et témoins, portant en sympathie les choses ; le vôtre encore si vous pouvez considérer que les objets de l’art peuvent suivre des circuits bien plus complexes que ceux auquels on pense immédiatement. Je prétends ouvrir un lieu qui n’est pas une galerie, qui est hors marché, une hermerie, m’a proposé mon ami Michel Leter... Une Hermerie, un lieu d’Hermes, dieu des voleurs, des marchands et des arts, Hermes à qui nous devons déjà toutes les métamorphoses, à qui nous devons l’hermétisme, cette recherche de la vérité inconnue, Hermerie qui s’adresse non à ceux qui écrivent seulement, ni à ceux qui peignent seulement, ni à qui veut seulement lire ou seulement acheter... Hermerie qui, et je cite Leter, s’adresse à un homme réunifié que nous nous obstinons encore à diviser en auteur, lecteur, spectateur, marchand...
Pardonnez-moi de tant parler de ce lieu, mais je le prépare en ce moment, je l’ouvre la semaine prochaine et il me paraît rendre bien compte, en ce début de conférence, de l’état d’une réflexion sur l’art et le regard. En même temps que je songe à Hermès, je ne peux parler de l’art sans penser à Orphée et au regard d’Orphée et à toute la tragédie portée en ce regard qui fait disparaître ce sur quoi il se pose, et qui ne peut pourtant pas s’empêcher de se poser sur ce qu’il fait disparaître, parce qu’il l’aime, parce que cet objet, c’est Eurydice. C’est ainsi...
Je vous propose un regard sur l’art, regard en intrusion, regard en ouverture, regard en doute, en risque de perte, en inquiétude aussi, et en angoisse... Je vous propose un regard banal sur l’art.

++++

Cette banalité s’ancre dans la banalité du rapport et dans la banalité des questions... Si je repasse en ma mémoire les deux ou trois dernières semaines j’y trouve pêle-mêle, l’écoute, interrompue par le deuil, d’une conférence, hier soir ; le choc, la gifle reçue des Greco du Prado, l’étonnante taille de ces drapés comme si se notait la disparition des corps, la fascination exercée par le bleu cette inquiétude de l’oeil qui ne voit plus sur cent tableaux que le retour de cette tache sans cesse renouvelée, jamais deux fois la même, et pourtant partout présente au point que je me suis pris à rêver à une histoire de la peinture, ou une analyse des tableaux, qui ne se servirait que du bleu comme structure de départ ; le visage d’une institutrice, chargé de décennies d’élèves, et l’envie d’écrire sur ce visage buriné dont le regard parfois s’enfuit, insensiblement s’attriste, et derrière elle, se rappeler ses propres premiers pas dans le rapport aux enfants ; l’étonnante générosité de Michel Butor, les dizaines de manuscrits croisés d’oeuvres plastiques, des dizaines d’échanges qu’il sortait, comme se jouant, de ses cartons, les centaines de textes, foisonnement autour des oeuvres, ou dans les oeuvres ; c’est, constamment, cette question... Qu’est-ce qui est en jeu, qu’est-ce qui se joue, à chaque instant, dans l’oeuvre d’art ?
Qu’est-ce qui se joue, oui, entre l’image d’Hermès et celle d’Orphée ? Qu’est-ce qui sans cesse se transforme et sans cesse disparaît ? Qu’est-ce qui se forme, et se transforme, se forge, se construit dans la pratique de l’art, dans le regard sur l’art ? Quelle circulation l’art met-il en jeu ? Oui, je voyais le titre que Max Charvolen a donné à ma prestation... La peinture... Quelques enjeux. Prenons.
A quoi bon l’art si rien n’est en jeu ? C’est bien ainsi que je conçois la question... Ou encore... A quoi ça sert. Derrière la niaiserie de la question, de vrais problèmes poussent, dans lesquels s’inscrit peut-être aussi le divorce sur lequel on pourrait sans difficultés s’étendre et insister entre la pratique de l’art et le regard social, ou le public, dit-on parfois.

++++

Mon regard, disais-je... Aussi loin que je me souvienne j’ai vécu la peinture comme un bouleversement personnel ; sans que j’aie toujours su pourquoi ce bouleversement se produisait. L’un de mes souvenirs a trait à l’infini plaisir qu’enfant de neuf ans je pris à colorier une structure abstraite que notre maître nous avait demandé de construire de façon plus ou moins aléatoire. Un autre est inondé d’impressionisme et se noie littéralement dans les nymphéas ; les textes, apposés à propos dans le musée du Jeu de paume, ne furent certes pas pour rien dans mon tout nouveau plaisir. Il y a aussi ces après-midis passés dans la pinacothèque de Sienne, dont j’aimais autant les tableaux que cette étonnante proximité de la rue. C’est les Goya de La Quinta incroyables ou inconcevables, en ce sens que l’on peine à imaginer ce que physiquement constituent ces fresques ; c’est les Holbein de Bâle, les Cranach de Prague, les Léonard de Vinci... Les Léonard... Ils ont, plus que les autres, constitué la figure habituelle de l’énigme. Et de penser à Léonard me conduit à ce qui vous paraîtra peut-être paradoxal, à parler de Noël Dolla. Et croyez bien que je suis au coeur de notre question des enjeux de l’art.
Formé à l’art par les livres de vulgarisation et les reproductions ; frappé par les oeuvres des musées, sensible aussi bien au trecento et au quattrocento qu’aux flamands et aux impressionistes, amoureux de Dürer, me voici, par les bonnes grâces de Marcel Alocco, en contact avec des pratiques contemporaines... Plus précisément Marcel me propose un jour de rencontrer un jeune peintre pour qui je pourrais peut-être faire une préface... Il me donne l’adresse, au bd Risso, dans une mansarde. Je m’y rends. Je ne vois que des tissus grossièrement teints étendus sur des séchoirs. Dans un coin de la cuisine une lessiveuse bouillonne de couleur. Et Noël Dolla me regardait regarder. J’ai regardé. Et quand il m’a demandé ce que j’en pensais je suis resté sec. Je n’en pensais rien. Rien dans mon expérience de l’art ne me permettait de penser quoi que ce soit de ce que je voyais. J’étais littéralement aveuglé (ébloui ?) et sans voix. Je lui ai traduit ça en lui disant que je ne voyais vraiment pas en quoi tout cela pût être de l’art. Il a paru très heureux sinon de ma réponse en tout cas de ma franchise, et m’a proposé d’en parler... Notre dialogue a duré des années. Et j’ai eu cette chance d’engager ce dialogue avec d’autres artistes. Je ne l’ai jamais cessé.

++++

Je sais depuis que je cherche d’abord dans l’art cette émotion, cette inquiétude, cette brutalité, cette découverte, qui n’est d’ailleurs pas forcément liée à la nouveauté, je ne m’intéresse somme toute qu’à ce qui me laisse sans voix, qu’à ce qui me désigne comme aveugle, comme le déficient, l’incomplet... Curieux renversement des choses... Ce n’est pas l’art qui disparaît du fait du regard qui se pose sur lui, c’est lui qui fait le trou dans le regard, c’est lui dont la présence fait se dissoudre la banalité du regard... Dans notre métaphore mythologique l’oeuvre n’était pas Eurydice mais Orphée qui n’a pas su attendre de sortir de l’ombre.
A vrai dire lorsqu’on pratique un peu, comme je le fais, le texte sur l’art, les artistes semblent toujours attendre d’une rencontre, d’une visite d’atelier, des propos immédiats et définitifs, en tout cas au moins brillants, et traduisant en mots le sentiment qu’ils éprouvent eux-mêmes face à leur travail. Peut-être ai-je tort de dévoiler mes batteries. Mais c’est sans doute lorsque l’artiste est le plus content de sa rencontre avec moi, que je suis, moi, le plus déçu de ma rencontre avec lui, tout simplement parce que ce qu’il attend que je dise, si je peux le dire, nie du même coup la nécessité de son faire... Et que de travaux encore dont on a l’impression qu’on pourrait en parler fort bien sans même les avoir vus.
Un mot encore à ce propos. Il pourrait sembler qu’une oeuvre reste -en tout cas me reste- d’autant plus facilement en mémoire que j’ai pu plus facilement l’intégrer, donc la parler, la dire, l’inserrer dans un serré tissu verbal. C’est exactement l’inverse qui se produit. Seule me reste, et lancinante, et sans cesse revenant, et sans cesse m’inquiétant, et sans cesse posée là, l’oeuvre qui m’a d’abord laissé sans voix. Elle est une réalité inscrite dans mon regard j’en revois aisément les détails et jusqu’aux minimes blessures qu’elle a subies.

++++

Avant de revenir à Léonard de Vinci, deux mots quand même sur le rôle que j’assigne ici à l’écriture dans mon rapport à l’art. Je dois à l’écriture d’avoir été introduit à nombre de pratiques. En même temps l’écrit sur l’art le plus souvent m’agace quand il oublie la matière pour parler de l’image ou du thème. En même temps l’écriture de Butor qui cherche à rendre en mots l’impulsion qu’il va puiser dans sa fréquentation de l’oeuvre me fascine. En même temps je rêve comme bien d’autres de ma génération d’une sorte de picturique, d’une approche scientifique des faits artistiques. En même temps j’ai essayé d’explorer la diversité des rapports écrits à l’oeuvre d’art. J’en reparlerai peut-être. Dans tous les cas parler ou écrire, c’est se donner du souffle ou de la voix, c’est chercher à mesurer ce que l’impact de l’art a permis d’apprendre, c’est remplacer de l’ignorance par du savoir, c’est enfin se construire un regard.
Alors, Léonard de Vinci... Nous étions donc, Dolla et moi, à Rome. C’était, je crois, sa première expo à l’étranger. Il exposait avec Alocco, Saytour et Viallat dans une manifestation qu’organisait, nous étions en 1969, le groupe INterVENTION, dont je pourrai vous reparler si vous le souhaitez. Je vous passe nombre de détails. Le fait est que nous nous sommes retrouvés visitant les musées vaticans... Il faisait, n’est-ce pas, mon éducation moderniste et me montrait les grandes tartines XIX° dont je n’avais aucun mal à dire que je les trouvais infectes et qu’il était temps, oui, bien temps, que de Dada à Fluxus, de Malévitch à Matisse, on vienne balayer tout ça... Courons dans le musée. Jusqu’à ce que, entrant dans l’une des salles, nous sommes tombés en arrêt, en même temps, devant le même tableau, du genre t’as vu, t’as vu... Et c’était un Léonard. Le saint Jérôme, tableau, du reste, inachevé, et qui pourtant… Noël a prétendu avoir été très secoué. Quant à moi, ma toute neuve religion support-surfasante en prenait un sacré coup... Elle ne s’en est jamais remise. C’est ainsi que de musée en musée... Aussi bien que de mises en scènes en mises en scènes, Léonard de Vinci m’a banalement poursuivi. Je m’en excuse. J’aurais préféré vous dire avoir été poursuivi par quelque autre peintre plus rare, ou moins couru... Mais il nous faut parler vrai... N’est-ce pas ?

++++

Oui, ce n’est pas la nouveauté qui fait le choc... Je ne veux pas parler de la surprise. Je veux parler du maelstrom, je veux parler du bouleversement...
Je crois que, peu ou prou, j’ai commencé à traiter le thème annoncé par vos affiches : La peinture, quelques enjeux... Mais je n’ai pas terminé mon cheminement... Je n’ai peut-être pas encore assez clarifié ce qui est en jeu dans les pratiques artistiques. Pour accéder à plus de clarté, ou, si vous préférez, pour que les enjeux apparaissent davantage comme urgences, je voudrais accentuer mon dernier critère.
Ce que je demandais, et toujours demande, à l’art dans ce bouleversement, c’est qu’en somme il fasse de moi un perpétuel apprenti. Pour apprendre quoi ? En d’autres termes... Est-il possible de préciser le rôle que joue l’art dans les activités d’apprentissage et plus généralement de formation. Je ne veux pas parler ici de l’apprentissage de l’art lui-même, ni de l’enseignement des pratiques artistiques, mais de ce que l’art permet de structurer dans une formation individuelle et collective... Quand j’ai commencé à me poser la question dans ces termes j’ai prétendu que l’une des épreuves par lesquelles je faisais passer les oeuvres d’art, l’un des critères qui me permettaient d’établir si je me trouvais en présence d’une activité créatrice, était l’épreuve de la formation de l’enfant... Cette formulation un peu abrupte a le mérite d’introduire clairement mon sujet. Nombre d’enjeux de l’art ne me sont apparus que dans le rapport aux apprentissages, d’un autre coté c’est l’observation des procédures d’apprentissage qui m’ont permis de tester la validité des enjeux... Je dirai sommairement que la pratique de l’art permet de se construire un corps, et c’est vrai pour l’individu comme pour la collectivité ; permet de se situer comme corps dans l’espace, permet de construire des images, des figures, des symboles de l’espace (des espaces ?), plus généralement (?) un rapport au visible, permet de se construire un temps, enfin est le mode par lequel se construit ce que l’on appelle un regard.
Pas plus que je ne suis critique officiel, historien ou philosophe, je ne suis physiologiste, ou pédapsychologue... C’est donc toujours comme témoin et comme amateur, comme professionnel des apprentissages, et de la liaison entre les pratiques de l’art et celles de l’ensignement que je poursuivrai donc mon exposé, vous laissant le plus souvent le soin de compléter mes dires par les références à l’histoire de l’art que vous glanerez dans votre mémoire.

++++

Quelques exemples canoniques à développer
CORPS : LE TRAVAIL DE L’ÉCOLE DE LA POINTE DE CONTES
ESPACE : LES PRÉREQUIS À L’APPRENTISSAGE DE L’ECRITURE (ÉCRITURE COMME CORPS, COMME SIGNE, COMME ESPACE)
TEMPS : CHARGE DE TEMPS DANS LES OBJETS
REGARD : L’EXPERIENCE DES AVEUGLES...

A
Peinture et enseignement (enseigner... apprendre)
de l’intérêt d’enseigner la peinture aux enfants
enseigner ou apprendre
peinture et déficiences
quelle organisation pour quels circuits...
modalités pratiques des rapports entre l’art et l’enseignement

B.-
Peinture et écriture (art de peindre et art d’écrire)
Ce que la peinture apporte à celui qui écrit
ou ce que l’écriture apporte à la peinture... à celui qui peint ?
écrire de peindre
peindre d’écrire...
C.-
Comprendre ce qui se joue... (la dite critique d’art)
qu’est-ce qu’écrire sur ce qui se peint
pourquoi et comment écrire
le rôle d’un presque critique d’art
D.-
Les circuits non-marchands de l’art
Présentation de quelques lieux et circuits parallèles de l’art contemporain à travers l’expérience d’un ou deux lieux particuliers
Intérêt et importance de ce type de circulation.
E.-
Peinture et citoyenneté...
L’artiste dans la cité... prospectives ou utopie
 
-

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?

Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP