Michel Diaz m’a envoyé ce texte début mai 2020. Il précise : « juste pour le plaisir de faire un petit signe, rompre la solitude de l’écriture, le petit texte ci-dessous, écrit ce matin sur mes chemins de »confinement« . J’étais persuadé que Michel, l’un de mes plus anciens amis, disposait déjà d’un espace dans ce »Rendez-vous des amis". Il n’en était rien ! Je suis très heureux de l’accueillir dans ces rendez-vous virtuels.
pénétrer dans ce jour, par les anfractuosités de ses cassures vives, dans la syncope d’une violence profilée aux lointains, par la lucidité d’une lame toujours ressaisie par son fil, et toujours prête au sacrifice des chimères de l’aube
achoppement, béance, parturiente émergence, en suspens dans des choses encore innommées, s’en tenir à la terre, comme on se lève avec un feu qu’il faut ranimer de ses cendres, ou comme on se réveille à l’aplomb d’un roc vertigineux, meurtri d’une palpitation qui passe dans le souffle et le refus de sa douleur
s’en tenir d’abord à un pas, cette enjambée, la première et dernière, toujours, que pousse la suivante, glissant de l’une à l’autre, et s’écorchant les paumes comme on tient un cordage trempé, ne pas tomber, à vif, et mourir seul ici, dans l’incertitude de toute espérance
pas qui gravit, marque sa crête pour ne pas descendre au ravin rejoindre le vent aigre et l’air scabreux qu’il brasse
avancer, les vertèbres nues, hausser, jusqu’à hauteur de jour, ce qu’on en saisit de lumière, offerte à l’aile du faucon découpée dans le ciel et, gestant sur la terre des morts, fouler ce qui se lève d’herbe fraîche depuis le fond de leur fermentation