Localisation : 34°36′47″ S - 58°22′38″ W
C’est à Caminito que tout a commencé. Tout du moins est-ce ce que la tradition a établi, ce que les porteños croient, ce qu’ils racontent. A Caminito on repeint sans cesse de couleurs violentes les façades de tôle qui attestent de la véracité des mythes originels en désignant l’endroit de la fondation.
C’est au bord du Riachuelo en tout cas, au bord de ce ruisseau terne si médiocre au regard du Río de la Plata, du Paraná majestueux, que les premiers habitants de Buenos Aires se sont installés. La ville ensuite s’est constituée autour de ce qu’on appelle maintenant la Place de Mai, entourée par le cabildo, la cathédrale Saint-Martin, la Casa Rosada et les banques les plus anciennes ; de là son flot est monté à l’assaut des collines, envahissant une surface immense de son quadrillage serré. Tout le long du périphérique General Paz la marée adverse des taudis, des villas miserias, qui déferle de la campagne environnante, s’affronte à la houle des immeubles aisés qu’elle semble assiéger.
La ville est charpentée par des avenues gigantesques où l’effrayant courant mécanique des voitures, des camions et des colectivos - de petits bus ronds comme des coléoptères, conduits par des chauffeurs furieux et bourrés de voyageurs hébétés par la fatigue, les cahots et les virages - qui rugissent et klaxonnent quelle que soit la couleur des feux. Les rues plus étroites, souvent en sens unique, sont bordées d’immeubles élevés, alignés avec précision, appuyés sur d’innombrables commerces. La ville est pleine d’activité, de couleurs et de cris.
A l’est de l’obélisque du 9 juillet un quadrilatère formé par les rues Florida, Lavalle et Bartolome a été transformé en quartier piétonnier. Durant les belles journées une foule dense s’y presse autour des éventaires, des étals en plein air, des cafés et des confiterías, des restaurants, des boutiques de vêtements ou de friandises, des librairies, des marchands de chaussures. Les garçons rient, les filles en mini-jupe aux longues jambes dorées les aguichent, on est submergé par une jeunesse joyeuse et irrésistible.
A la devanture des restaurants de Corrientes, de Palermo, de la Boca, des carcasses entières de bœuf rissolent autour de feux de bois qu’on alimente sans cesse. A Liniers, devant les immenses abattoirs qui nourrissent chaque jour l’immense métropole, une immense statue du Gaucho rappelle aux Argentins à la fois la source de leur puissance, la base de leurs traditions et les racines de leur morale ; car le gaucho est l’exemple de la droiture, de la simplicité, de la présence de l’homme dans la nature.
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