RAPHAËL MONTICELLI
RM : Tout d’abord donc, dans le travail que tu as fait sur le musée Reattu, tu adoptes une démarche que tu as mise en place il y a plus de vingt ans.
Rapide rappel. Lorsque tu décides de traiter un espace -ou un objet, du reste- tu ne le fais ni par les approches traditionnelles des arts platiques, ni par les problématiques de l’installation, par exemple. Tu ne dessines, ni ne peins, ni ne photographie. Tu n’as pas recours aux modes de représentation que nous connaissons, tu ne te sers d’aucun des codages habituels de l’espace ou du volume. Pour traiter plastiquement un espace, tu commences littéralement par le mouler.
MC : Je ne suis pas sûr que l’on puisse parler de moulage le but n’étant justement pas de garder un volume en l’état. Disons, en tout cas je recouvre tout un espace...
RM : Un souvenir de Christo ?
MC : Il doit bien y avoir un petit hommage à Christo, là-dedans, mais Christo recouvre en emballant et de l’emballage il ne reste ensuite que des souvenirs iconographiques, dessins, projets, maquette et photos. Ma démarche, c’est de recouvrir en collant, et, dans le cas des architectures, c’est davantage un corps à corps avec un fragment de territoire dans lequel on vit, que l’appropriation d’un bâti comme d’un objet. A la fin, la toile qui a servi à recouvrir devient l’oeuvre plastique présentée.