BRIBES EN LIGNE
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ALAIN FREIXE

La musique, éperdument
© Alain Freixe
Publication en ligne : 19 mars 2020
/ Bibliophilie
Artiste(s) : Fedi
Clefs : 2020 , galerie privée

Ce texte est paru en 2020 aux éditions de la Diane française. Il est enrichi d’œuvres originales de Fernanda Fedi sur le thème de la musique.



A-t-on remarqué à quel point
la musique rend l’esprit libre
donne des ailes à la pensée 

Nietzsche, le cas Wagner

 

Des lambeaux de musique, des fragments, des partitions déchirées, des portées, des écritures, des notations et puis ces mots manuscrits qui accompagnent les cinq œuvres de Fernanda Fedi, mots qui étoilent la musique sous le signe de la recherche à l’aide des mots « infini », « silence », « âme », « inconnaissable », « sublimation ».
Ouvrir la porte à la musique, à « la vraie musique ». Disons l’entrouvrir. L’entrebâiller pour donner sur quelque chose qui passe, qui est toujours en train de passer. Musique qui nous traverse, qui n’apparaît que passant, portant sa disparition en elle.

*

++++

1-
La musique, via la notion d’harmonie, renvoie d’abord à l’art de tendre les cordes. Et les cordes font signes vers l’origine grecque de la musique lorsqu’Orphée – musicien et poète – rajoute deux cordes à la lyre qu’Hermès avait offert à Apollon qui en comptait sept, alors la musique devient le premier de tous les arts parce qu’en son instrument se trouvaient honorées les neuf muses.

2-
Y aurait-il alors musique et musique ? Celle du monde : sa noise, son fracas, ses tempêtes comme ces effleurements, cette douceur juste au-dessus du seuil audible, ce pianissimo du vent dans les feuilles des peupliers qu’aima Pasolini. Et l’autre, celle, humaine, relevant de l’art, de son histoire, qui se répand dans les terrains vagues, les salles de concert, les nefs des églises ou monte du fond des ordinateurs ou des smartphones.

3-
Si la musique est art, rythme et composition, humaine et toute de culture, la musique s’impose à la nature. Il faudra attendre quelques siècles après le célèbre passage du chant XII de l’Odyssée d’Homère où l’on voit Ulysse attaché à son mât braver le chant des sirènes, pour voir Apollonios de Rhodes nous conter l’histoire des Argonautes qui allaient chercher la toison d’or. Sur Argo, Orphée était le chef de nage de Jason. Ses chants faisaient cadence aux rameurs. Parvenus près du détroit de Messine, à quelques encablures du rocher où se tenaient les sirènes, Orphée se mit à jouer et à chanter si fort et si bien qu’il couvrit la « voix-miel » des sirènes.

4-
Orphée affronte les bruits du monde. Le musicien s’impose aux vacarmes : hommes, bêtes et jusqu’à Cerbère lorsqu’il voulut descendre aux Enfers cherché son Eurydice perdue. Mais le musicien ne triomphe pas toujours. Tenir tête à la mort fut possible, donner la vie échoua. Passer de la présence aux représentations en la perdant bien sûr est possible mais prendre la verticale et monter des représentations vers la présence, donner vie se révèle impossible.
N’est-ce pas cet impossible-là que la musique comme toute création authentique cherche à atteindre sans y parvenir jamais mais qui pourtant lui sert de fanal allumé dans les pénombres qu’ils endurent ?

++++ 5-
La musique est une promesse de plus que le fini. Elle est de l’ordre de ce « quelque chose de plus », quelque chose qui définirait une atmosphère, un indéfinissable qui n’est pas dans les notes, les silences qui les relient, peut-être dans le rythme qui tient l’ensemble.
La musique lance ses flèches – saetas, traits et chants - vers l’infini.

6-
La musique rencontre l’infini en tremblant car l’infini se situe au-delà de tout ce qui fait notre existence ordinaire. La rencontre de l’infini est le plus souvent angoissante, terrible, éprouvante. Elle demande une grande tension. Souvenons-nous de l’épigraphe qu’avait écrite- par-delà toutes les considérations triviales - Beethoven en tête de son 16e et dernier quatuor : « Muss es sein ! Es muss sein ! ». « Le faut-il ? Il le faut ! ». Ce que l’on entend dans la musique, c’est ce « il faut ! » de Beethoven, exigence jalouse qui suppose une énergie farouche, qui suppose d’aller aussi loin que les forces le permettent.

7-
Il y a dans la musique des départs, des poussées, des élans comme autant de signes de notre présence dans notre capacité d’affection. La musique comme la poésie, les arts en général, nous replante des épines d’infini afin de ne pas sombrer, ne pas collaborer avec le nihilisme, celui de tristes consommateurs asservis à cette société marchande et du spectacle ; afin de ne pas céder à cette privation générale du sens car elle nous redresse, nous remet debout, présents à nous-mêmes, aux autres et au monde.

8-
Nue et libre, pauvre va la musique car elle est toujours « au-delà de », tendue vers un inexprimable, mouvement vers quelque chose que l’on ne saurait atteindre, quelque chose qui relèverait du non-pris, non-touchable, non-compréhensible. Au-delà même de tout chant. Pure présence, la musique !

++++ 9-
La musique, il m’arrive de l’entendre et chemin faisant de la perdre. L’écouter suppose toujours un arrêt. Un point de fixation, un branchement du désir. C’est pourquoi, il suffit de peu de choses, la « petite phrase » de Vinteuil pour le narrateur d’A la recherche du temps perdu ; pour moi, un pianissimo, trois petites notes de musique, un air de peu… pour que s’ouvre l’intime. Ces syncopes, ces oublis, Chrétien de Troyes les appelle des « pensées » : « et pense tant qu’il s’oblie » écrira-t-il de Perceval qui « muse » sur « trois gouttes de sang » sur la neige d’un improbable avril…

10-
Ces « pensées » sont des silences, soit des arrêts, des points d’intensité. Des inframinces, le temps de laisser filer la splendeur dans l’interruption même. Au cœur même de la musique, ce qui fuit aussitôt apparu et ne se laisse pas saisir, c’est cela qui nous touche. Ce silence qui habite et n’habite pas la pièce musicale, qui n’est pas dans les notes mais entre elles, au-delà d’elles comme une émanation d’elles.

11-
Dans la musique poussent des fleurs de silence. Le silence, cela s’entend dans la musique. « Le silence ne définit en rien la carence sonore, affirme Pascal Quignard, il définit l’état où l’oreille est le plus en alerte. »

12-
De la musique, je dirais, ce que disait à propos de son jardin, la dame blanche d’Amherst, Emily Dickinson : « Il y a un bruit qui ne fait pas de bruit, il est à entendre ». Pour une telle écoute, il faut faire taire yeux et oreilles. Les vider. Appareiller côté silence. Tendre l’oreille comme le marin tend la voile pour prendre le vent et entendre au plus haut de la mâture une voix, un fredon, un rythme. Et si hier revenait ?

++++ 13-
La musique est peu de chose finalement, elle est comme l’ange qui est à Reims, elle sourit seulement. Elle ne saurait s’imposer à personne, seulement s’offrir, nue, dans le silence d’où elle vient, qui l’entoure et la protège.

14-
La musique que j’entends est le chemin sur lequel peut s’abattre ou lever le silence, ce « désir des choses inexistantes » disait Gabriel Fauré. Il y a donc la marche, l’audition puis le moment de l’expérience, celui où le silence nous touche et ce silence n’est pas absence de bruit. Là est l’accomplissement, la musique s’efface alors sa tâche faite. C’est une musique nue, une musique tue qui fait parler le silence.

15-
Ce silence que l’on entend, cette « musica callada », cette musique tue / silencieuse c’est lui qui résonne dans notre « sonora soledad », cette solitude sonore de notre âme enfin renoué. On me pardonnera d’avoir emprunté ici deux vers au Cantique Spirituel, le poème de Saint Jean de la Croix.

16-
Rien ne me paraît plus approprié que l’emploi de cet oxymore – musica callada – pour dire ce silence de la musique quand la musique est toute la musique et rendre compte du fait qu’il s’illumine dans ce mouvement en direction de cette âme que Mallarmé définissait comme un « nœud rythmique ».

++++ 17-
A un certain moment, on se trouve devant un signe qui nous en dit plus que l’on est capable d’en comprendre, d’en entendre. On sent bien que c’est une invite à suivre mais on est encore en arrêt comme si le chemin indiqué n’était pas encore ouvert.
Le privilège, le pouvoir de la musique c’est de créer chez l’auditeur les qualités nécessaires pour entendre. Ce qui suppose de briser quelques barrières, d’instaurer l’âme après son éveil comme chambre d’écoute.

18-
Il y a des forces rebelles dans la musique. Elles ne vont pas dans le jour, elle se retire dans la nuit où l’âme des hommes est en dormance.
L’âme ne s’éveille que brisée. La musique éveille l’âme parce qu’elle nous déchire, nous arrache aux choses qui sont dans l’espace et le temps où elles reposent, posées là, figées et ternes. Alors s’ouvre le vide où elles viennent dans la lumière de l’apparaître pour devenir.

19-
Plus qu’ailleurs peut-être, dans la musique, la beauté est l’effet d’un passage. Et renouée alors l’âme naît là. Quelque chose s’est passé. Quelque chose qui toujours manque. Quelque chose qui pourtant s’est inscrit non dans le manque mais dans son passage. Quelque chose qui reste là. Suspendu. Flottant.

20-
Il n’y a pas plusieurs musiques. L’une que l’on dit « grande » ; l’autre, populaire, ramenée à quelques notes, un air… Il n’y a qu’une musique. Celle qui n’a besoin que d’un fredon pour nous soulever, nous arracher à nous-mêmes.

++++ 21-
Parfois, il suffit d’un air, d’une « phrase musicale », de trois notes de musique…et tel est le pouvoir fulgurant de la musique, pour être transporté hors de, être mis hors là, jeté avec la vitesse de l’éclair, sous le coup de sa « beauté convulsive » hors des circonstances, hors situation. Loin de nous détacher de la vie, la musique la requalifie

22-
Souvenons-nous de Gérard de Nerval. Dans son poème « Fantaisie », il décrit ce mouvement qui mène d’une impression auditive à une perception visuelle : j’entends, je vois !
« Il est un air pour qui je donnerais
tout Rossini, tout Mozart et tout Weber
un air très vieux, languissant et funèbre
qui pour moi seul a des charmes secrets

Or, chaque fois que je viens à l’entendre
De deux cents ans mon âme rajeunit 
(… ) »
Ecouter, prêter ses oreilles jusqu’à les perdre comme on perd le nord, les perdre dans le fredon de telle sorte que s’enfouissant en lui, se renoue et remonte l’âme jusqu’à se déclore en une vision.

23-
Quand on se sent confusément ému par trois fois rien, par « trois petites notes de musique », par un air pas forcément « languissant « et « funèbre »…juste quelque chose qui frappe en vous et fait résonner le lointain en vous, ce lointain remonte et vous frappe à son tour en plein visage pour nous rappeler telle ou telle chose.

24-
La musique nous délivre des horloges, où le temps s’est figé en espace. Elle réenclenche les mécanismes, les aubes tournent nouveau. Le temps s’est remis en marche.
La musique met au monde si ce n’est le passé du moins dirions-nous du passé, de l’oublié. La musique est résurrectionnelle.

++++ 25-
Le plaisir musical naît de l’alternance, du mélange des sons et des silences comme autant de pleins et de vides. Alternance des temps forts et des temps faibles, affaire de rythme.
« Tout y doit être juxtaposé et uni mais séparé par des intervalles » (Joseph Joubert).

26-
Toute œuvre demande le rythme. C’est lui qui tient la forme et lui donne visage. C’est parfois moins le chant qui nous emporte que le silence qui l’enveloppe comme dans ses parterres de fleurs où les vides laissés entre les massifs font de l’espace floral une composition.

27-
La musique m’apprend que c’est moins sur les notes, les phrases musicales qu’il faut porter son attention que sur le mouvement qui les porte, sur le ton toujours singulier de l’œuvre.
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28-
Ce ton est celui d’un rythme, soit la rigueur d’un phrasé qui fait exister et valoir les contours, les accents, les inflexions, les nuances d’une pièce musicale. Alors on a l’impression que la musique se joue toute seule. Alors le courant passe. L’inouï est pris en charge.

++++ 29-
Même si l’on se plaît à dire que le silence qui suit la musique est encore de la musique, les œuvres musicales dans leur aspect fini, dans leurs limites dont jouera l’interprète, laissent échapper l’infini qui les traverse, l’illimité qui les travaille.

30-
Avec les œuvres, tout se passe comme si à chaque clôture manquait toujours les derniers pieux, alors on entend dans le même moment ce quelque chose d’insaisissable qui s’échappe de ce que l’on a pu saisir, qui va s’amuïr dans le silence qui va suivre. C’est ce silence qui va rester là en nous à résonner, marque où se réconcilie dans notre âme renouée, la limite et l’illimité, la force et la forme, l’obscur et la clarté plus ou moins imprimée entre caresse et blessure.

*

`

 

On s’assied parfois dans le crépuscule – matin ou soir, il n’importe – on attend la musique. On attend qu’elle nous arrache à nous-même. Ce moment où l’on se laisse surprendre par ce qui passe. Ce moment où ce qui passe est ce qui manque, c’est le moment de la musique.
C’est le moment où elle se défait de sa matière sonore comme ces anges que l’on voit s’envoler, ces akènes à aigrettes dont se défont les pissenlits quand s’installe ventôse. Alors un pays s’ouvre, une âme a renoué sa mélodie. Une main de bonté a trouvé une main dans la nuit. Elle a ouvert la porte du temps, a invité à le porter comme signe de notre liberté.

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