RAPHAËL MONTICELLI
Cette monographie sur Marcel Alocco est parue en 1979 aux éditions Charles le Bouil, collection NDLR.
PATCHWORK DE TABLEAUX
Ce qu’Alocco retient de l’image de peintre c’est sa réalité d’élément de la peinture ; la référence fonctionne par rapport au système de la peinture. Ainsi, dans les premier travaux d’image, qu’ils soient sur toile tendue sur châssis ou sur papier, l’image reproduite se trouve décentrée par rapport au format utilisé ;
cette disposition qu’annonçait déjà le tissu n°2 d’Avril 1971,
donnant autant d’importance visuelle aux grandes marges blanches qu’aux parties traitées, accentue l’opposition entre ce qui est reproduit ce par quoi l’on reproduit, signale que ce qui est repris sur un support et avec des moyens différents ce n’est pas tant l’image que le tableau : l’image n’était considérée comme image de la peinture que par ce qu’elle se réalise dans un tableau.
Troisième transformation : le sujet ce n’est pas l’image, c’est la peinture ou, en d’autres termes, il n’est d’images que de tableaux, ce qu’ironiquement Alocco reprend dans certains dessins où la lettre, le chiffre, l’idéogramme ou le personnage de bande dessinée, pris dans leur valeur d’élément plastique, reçoivent le même traitement en différence par rapport au support que les tableaux de maîtres.
De l’image du tableau (avec ce cas particulier que constitue le Picasso lacéré recousu
à la série d’images de tableaux et autres formes plastiques sur une même toile, il y a tout le passage de la toile tendue comprise comme contexte — en quelque sorte reçue comme lieu — à la toile libre, plastiquement traitée, peinte, colorée, se construisant comme lieu par le jeu des images servant de contexte les unes aux autres et construisant — en creux — la toile.