RAPHAËL MONTICELLI
ACTE III
RM, le 2/02/2018
J’ai fait quelques essais
Dis-moi ce que tu penses de ça
BÊTE AU MUFLE DE PLUIE SILHOUETTE DE POINT DE JOUR TRAÎNE (AVEC - APRÈS ELLE) LE (UN) GOÛT DE(S) PARADIS PERDU(S).
Le texte précis dépend de la place... et de l’humeur du jour où on mettra en place.
Question : on peut rapprocher plus ou moins les lettres. Peuvent elles se chevaucher ?
Est-ce qu’on pourrait faire entrer un texte de force, par exemple en le courbant ?
C’est prévu sur deux lignes. En boustrophédon ou pas.
Voici ce que donneraient les deux lignes :
BÊTE AU / PERDUS
MUFLE D(E) / PARADIS
(E) PLUIE / GOÛT DE
SILHOUETTE / TRAÎNE
DE POINT / DE JOUR
Commentaires ? Remarques ? Suggestions ?
Rencontre le vendredi 2 février. Discussion sur les œuvres communes et sur le texte.
MM, le 4/02/2018
Si je comprends bien, ta proposition ferait des cinq cadrages comme une bande dessinée qui exigerait un ordre ou une suite dans la présentation. Ce faux boustrophédon exige l’ensemble pour exister. Si on enlève un élément, on supprime l’âme, resterait un esprit sans sel. Doit-on refuser l’éparpillement ? Ou se satisfaire que, imaginons que cela soit réparti dans le monde, une énigme les relie.
RM
Oui un texte sur 5 panneaux.
Le tout fait un sens
Mais chacun fait aussi sens.
Je peux retravailler le texte pour que chaque pièce fasse davantage sens.
À part quoi, oui, je suis pour éparpillement et dispersion du texte
MM
En effet, chaque pièce fait sens. Mais je trouve dommage de perdre la prouesse de l’ensemble qui caractérise chacune. Mais il me plaît de penser que cela pourrait relier des gens qui de toute façon sont reliés mais qui sauront ou ne sauront pas qu’ils le sont si particulièrement. Car si on éparpille les pièces, ce ne sont pas les pièces que l’on sépare mais les gens. Mais on les sépare pour qu’ils soient entité reliée et promesse de relations.
Je déconne hein !
RM
c’est cette perte qui m’intéresse.
comme le dessin perd aussi des choses, des informations.
l’une des choses qui m’intéresse, justement, dans la relation entre l’écriture et l’espace plastique, ce sont les effets pertubateurs qu’elle y connaît. Si je souhaite que la phrase entière soit lue et le texte entier d’où elle est tirée, je donne un papier ou un livre. je donne l’espace habituel de l’écriture.
Ton questionnement ouvre -ou rouvre- une multitude de pistes de réflexion.
Tiens, en voici au moins une : le texte et le livre se retrouvent depuis longtemps dans l’espace plastique traditionnel occidental : voir les innombrables livres ou feuilles que l’on trouve dans les mains des personnages, sur leurs bureaux, sur leurs lutrins.
les textes sacrés en premier lieu, mais beaucoup d’autres.
Ces textes sont identifiables, certains fragments en sont parfois déchiffrables, mais au fond, quand il est plongé dans l’espace plastique le texte devient un objet plastique, c’est ce que nous allons faire dans cette série.
Mieux...
Nous sommes toujours sur les problématiques de l’absence et du retrait.
Nos pièces, les choses que nous montrons à l’issue de notre travail sont... centrifuges : si elles montre ce que nous présentons, elles pointent ou désignent ce que nous ne présentons pas.
Ton dessin incomplet, ton support irrégulier, échancré, troué, dit le manque et invite à le combler.
Ainsi le texte.
Voilà deux pistes
MM
Oui, bien sûr. Autant je l’ai perçu et approuvé d’entrée avec « Silence de Météore » autant là non, va savoir pourquoi.
RM
Creuse, creuse si possible.
Tu me diras.
Je sens bien ta réticence.
C’est intéressant.