RAPHAËL MONTICELLI
ACTE II
MM
Oui, ce qui est troublant c’est la dialectique entre collectif et individuel où l’apport individuel n’est pas nié pour nier toute apparence individuel. C’est l’invention de la liberté de chacun pour un produit collectif. Le rôle de l’artiste est l’égal du rôle du maçon, du grutier ou du manipulateur d’applications informatiques. Il n’y a pas de hiérarchisation. Chacun est reconnu pour le commun.
RM
Exactement…
MM
Et on se prend à rêver que chacun est rémunéré selon ses besoins et les possibilités de tous.
Serait-ce cela l’anarcho-communisme ?
RM
pourquoi anarcho, l’ami ?
MM
À cause de la prise en compte de la liberté individuelle consciente d’elle même c’est à dire considérée selon le besoin commun.
RM
et c’est pas le communisme, ça ?
MM
oui, mais c’est pour différencier ou mettre en avant ce qui a été nié lors des mises en oeuvre en son nom.
RM
je ne sais rien (et le doc ne dit rien) des rémunérations des uns et des autres. Elles obéissent certainement aux règles en cours.
C’est déjà bien que le travail de chacun soit justement pris en compte.
Nous savons bien que tout travail est collectif.
Ça m’a toujours troublé l’image de la tour d’ivoire… D’abord parce qu’il faudrait beaucoup d’ivoire et que ce commerce est désormais interdit. Ensuite parce que je suppose qu’il a fallu chasseurs (hélas), architecte, techniciens, maçons, producteurs de papier ou de tous outils d’inscription etc. pour que le gugusse puisse s’installer dans sa tour.
Plus tout ce qu’il doit convoquer pour pouvoir le mettre en œuvre.
(Il faudrait qu’un jour j’arrive à publier mes feuilles blanches : elles sont à l’origine de tout mon boulot)
MM
C’est quoi tes feuilles blanches ?
RM
Les feuilles blanches, c’est un recueil de 1969, recto verso, d’un côté les « feuilles provisoirement blanches », de l’autre les « feuilles définitivement blanches ».
Je ne t’ai jamais montré ? Étonnant.
MM
Je n’en ai pas le souvenir.
RM
Bon... je te montrerai les feuilles blanches.
(mél envoyé aussi à Max Charvolen)
… et vous avez entendu parler de ces études qui montrent que les dessins paleo offrent des représentations du mouvement, et que l’on a même retrouvé l’ustensile qui permettait de voir l’animal en mouvement ?
C’est du très sérieux.
ça ne cesse de me surprendre.
il y a aussi des conneries, innombrables, comme ce type, largement popularisé il y a deux ans, qui prétendait que les figures du paleo avaient été produites en suivant les contours de la projection d’ombres de figurines sur les parois.
Max Charvolen
C’est presque cinématographique, s’il y a un ustensile pour voir l’animal ?
Ça me renvoie au futurisme le chien de Balla.
C’est surtout étonnant cette relation à la représentation a ce moment là
Quel progrès dans le décryptage du faire.
Ou tu as lu ça ?
RM
J’avais lu ça en fouillant sur l’internet. En général je mets les docs de ce genre dans mon iBook, là, je n’ai pas eu ce réflexe.
En ce moment, je cherche des docs sur l’éclairage des grottes : les moyens employés pour donner de la lumière pendant le travail. c’est le principe de la lampe à huile, mais j’ai oublié le combustible dont ils se servaient et qui donnait peu de fumée.
MM
Oui, on en parle dans le document sur Lascaux.
Il porte un nom cet ustensile ?
RM
Non, c’est une sorte de bouton, de cercle percé, si on y passe un fil et qu’on le fait tourner et on voit le mouvement. Mais mon souvenir est assez vague. J’ai retenu que l’art paléo savait décomposer et recomposer le mouvement.
C’est principe des carnets dont ont fait défiler les pages, ou je ne sais plus quel instrument (stroboscope ?) sur lequel on figure un mouvement décomposé, en tournant le cylindre, on a l’illusion du mouvement.
Je vous envoie, au format iBook, un des articles importants de Marc Azéma, le chercheur qui a travaillé sur le sujet ci dessus.
La représentation du mouvement au Paléolithique supérieur.
Apport du comparatisme éthographique à l’interprétation de l’art pariétal [article]
Marc Azéma
Bulletin de la Société préhistorique française / Année 2006 / 103-3 / pp. 479-505
Par ailleurs, j’ai vérifié. L’ustensile en question qui permet de voir le mouvement dont je vous parlais dans un précédent mél ne servait pas à regarder les représentations pariétales.
Il s’agit de rondelles en os percé qui montrent une représentation du même sujet dans une posture différente sur chacune de leurs faces. Si on fait tourner la rondelle on voit le sujet en mouvement. C’est l’hypothèse d’Azéma. Et elle est assez convaincante.
MM
comme les pages d’un livre alors.
Intéressant l’angle de l’étude des mouvements. Les dessins animés, racontant donc une histoire, annoncent donc les pictogrammes et l’écriture.
MC
Je n’ai pas fini de lire l’article mais c’est passionnent ce rapport au mouvement .
J’ai reçu ce programme de François Jeune .
mc
Cher(e)s étudiant(e)s
Chers ami(e)s
J’ai le grand plaisir de vous inviter à mon séminaire ART PREHISTORIQUE ET ART CONTEMPORAIN, UN PASSAGE SOUTERRAIN ?
à partir de mercredi prochain (9H -12h)salle Vasari à L’INHA passage Colbert.
Programme à diffuser sans modération (entrée libre)
Bien à vous
François Jeune
RM
Oui, j’ai trouvé ça passionnant aussi. Et probant.
Merci pour l’info de F Jeune. Ça semble vraiment intéressant. La présentation est très intelligente.
À l’occasion dis-lui que je vais diffuser, je suis preneur de toute communication sur le sujet -notamment la sienne- et, s’ils publient des actes, j’en réserve d’ores et déjà un exemplaire.
MC
ok
les méthodes d’investigations aussi pour le mouvement.
MM, 29/01
est-ce que je peux passer demain vers 15h 30 ?
RM
oui
mais je crois que d’ici là je n’aurai pas retrouvé mes feuilles blanches que je suis en train de vainement chercher…
Le 30 : rencontre, travail sur les œuvres communes, discussion sur la technique d’inscription et sur le texte