RAPHAËL MONTICELLI
Un fragment de ce texte a été publié par les éditions de la Diane française à l’occasion de l’exposition de Salvatore Parisi, en début février 2019
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Le poiseau de Parisi Ornithichtus polychromatus
Ordre : piciforme*
Famille : indicateuridés*
Genre : pihi - ornithictus
Espèce : polychromatus Descripteur : Parisi 2011
* Famille et ordre sujets à controverse.
DESCRIPTION
taille 15 cm
envergure 22 cm
poids 110-115 g.
AVERTISSEMENT Chaque année des milliers de nouveaux animaux et végétaux sont découverts dans le monde notamment en Amazonie et dans le grand Mécong. Tous font l’objet d’un descriptif et les plus remarquables d’entre eux bénéficient d’un signalement médiatique. Le poiseau, découvert en France, n’a encore reçu à ce jour ni descriptif ni signalement. Les auteurs remercient l’éditeur d’avoir permis de combler cette lacune.
DESCRIPTION IDENTIFICATION Le poiseau est un oiseau polychrome de la taille d’un martin pêcheur, avec lequel il a longtemps été confondu. Sa densité fait pourtant que son poids est deux à trois fois plus important. La confusion avec le martin pêcheur d’Europe trouve son origine dans plusieurs causes, au premier rang desquelles figure la raréfaction et la quasi disparition du martin pêcheur jusqu’à une date récente et la grande discrétion naturelle du poiseau. En outre le poiseau partage avec le martin pêcheur son habitat, son habitude de voler en couple, et les colorations de son plumage qui peuvent parfois présenter, comme le martin pêcheur, des bleu-vert, bleu cobalt, bleu brillant, turquoises, orangés, roux et blanc. Il faut ajouter à ces caractéristiques, le fait que le poiseau est un individu plongeur et que son mode de nidification demeure secret. Cette confusion explique pourquoi le poiseau n’a pas fait l’objet d’une observation spécifique jusqu’à une période récente. C’est en 2011 que l’artiste Salvatore Parisi a observé trois caractéristiques particulières qui, outre la densité, différenciaient absolument le poiseau des autres alcénidés, et rendent du reste problématique son classement dans sa famille et son genre. La première caractéristique est le fait que le poiseau ne peut voler qu’en couple. Poussant plus loin l’observation, l’artiste s’est aperçu que le poiseau ne possède qu’une aile, ce qui ne pouvait qu’échapper à un observateur qui voit deux poiseaux voler ensemble côte à côte. À ce propos il est à noter que l’envergure s’entend pour un seul oiseau et qu’il convient de la doubler pour obtenir l’envergure réelle en vol par couple. Par ailleurs, il va de soi que, selon les individus, cette aile est située d’un côté ou de l’autre du corps de l’oiseau : les individus qui ne trouvent pas à s’apparier étant dans l’impossibilité de survivre. Il faut préciser que cette caractéristique semble sans relation avec le sexe, ce qui avait été la première hypothèse des ornithologues. La deuxième caractéristique est le rapport du poiseau avec l’élément liquide dans lequel il plonge ou, plus rarement, s’ébroue. Alors qu’un martin pêcheur ne reste immergé que durant un temps limité, le poiseau peut ne réapparaître qu’au bout de plusieurs heures, voire ne pas réapparaître du tout. Une observation plus poussée a montré que le métabolisme et la morphologie du poiseau changent au moment où il pénètre dans l’eau : des ouïes et des branchies sous-jacentes apparaissent alors. Le plumage lui-même subit une transformation, de moins grande envergure mais tout aussi étonnante : les plumes se font nageoires et des écailles recouvrent les plumes. Encore une chose impossible à remarquer par un observateur même s’il est attentif. Ces deux caractéristiques ont conduit à la définition d’un genre particulier : le pihi - ornithichtus. La troisième caractéristique a déterminé le nom de l’espèce. Au fur et à mesure des observations, est apparue la grande variété colorée d’un individu à l’autre, et chez le même individu. L’analyse a révélé la présence de cellules chromatophores responsables de cette variation chromatique. Ainsi le poiseau a-t-il été défini comme espèce particulière dite « polychromatus ».
INDICATIONS SUBSPÉCIFIQUES
Une seule espèce observée.
NOM COURANT
Le Pihi-ornithicthus polychromatus (poiseau Parisi ou poiseau de Parisi) a reçu le nom trivial de poiseau dans tous les pays francophones où il a été observé.
NOMS ÉTRANGERS (liste limitée aux pays où des poiseaux ont été observés)
D. : vogelfisch - USA & GRB. : fishbird - ESP et AdS : pesage - ITA. : pesciuccio - JPN : sakanatori - NLD : vogelvis - POL : ptakryba - PRT & BRA : peixave - ROU : pasapește.
VOIX CHANTS ET CRIS
La nature aquatique intermittente du poiseau le rend non pas muet mais inaudible pour l’oreille humaine. Des enregistreurs à ultrasons ont révélé un répertoire d’autant plus vaste qu’il est toujours exécuté en duo. Chaque couple, qui semble posséder sa propre signature, reste ainsi en contact permanent avec tous ses semblables. Des ultrasons particulièrement grinçants et discordants semblent être utilisés pour repousser les prédateurs des deux milieux dans lesquels ils évoluent.
HABITAT
Le poiseau se rencontre au bord des eaux calmes et propres, quelle que soit leur profondeur. S’il comporte des poissons de petite taille, son régime alimentaire semble essentiellement herbivore et insectivore. La nidification est encore inconnue. Les diverses hypothèses avancées par les chercheurs varient de la nidification en milieu sous-marin, la nidification en grottes creusées en bord d’eau, et la nidification en vol.
COMPORTEMENT - TRAITS DE CARACTÈRE
Les poiseaux sont des artistes du camouflage. La première fonction de leur éclatante polychromie est, paradoxalement, la discrétion dans le milieu où ils évoluent, ce qui est renforcé par le fait qu’ils sont inaudibles pour l’oreille humaine. On peut heureusement les remarquer aux éclats métalliques qu’ils laissent parfois dans leur passage, et par le bruit retentissant que leur densité produit lors de leurs plongées. « Long éclair et tonnerre court », pour reprendre l’expression d’un observateur. Le vol acrobatique, inattendu, difficile à suivre, a été apparenté à celui des papillons. Leur évolution en milieu aquatique est du même type, ce qui a fait dire que le poiseau vole comme il nage. Les poiseaux, volant ou nageant par deux, ne forment jamais des groupes importants. La façon dont deux poiseaux parviennent à associer et coordonner leurs déplacements n’a pas encore pu être étudiée. Cela suppose néanmoins d’importantes capacités cognitives de communication visuelle et auditive interindividuelle.
ALIMENTATION - MODE ET RÉGIME
Le poiseau consomme des fruits, des légumes, des insectes, vers de terres, petits mollusques, larves, petits poissons. Son bec est équipé de deux rangées de dents mobiles qui se rétractent selon les situations et le type de nourriture.
REPRODUCTION - NIDIFICATION On sait peu de choses sur la nidification des poiseaux (voir supra), tout comme on ne sait rien de la façon dont ils s’accouplent, puisqu’on ne les a observés que collés l’un à l’autre. L’hypothèse de nids enterrés est cependant celle qui reçoit le plus de suffrages en raison de la teinte noire que la peau présente sous l’éclat et la polychromie des plumes et des écailles. On ne sait rien non plus de la ponte : on ignore si les poiseaux se reproduisent comme des poissons ou comme des oiseaux, ou s’ils adoptent l’un ou l’autre mode de reproduction en fonction des circonstances ou des conditions. En raison des capacités de transformation constatées (chromatiques, métaboliques, morphologiques) on admet comme vraisemblable que le poiseau est doté d’hermaphrodisme, sans doute séquentiel plutôt que successif.
DISTRIBUTION
Observé d’abord en France, le poiseau semble présent à travers toute l’Europe et dans les Amériques. Les cas observés au Japon laissent supposer une présence sur tout le continent asiatique. À ce jour aucune observation n’a été confirmée en Afrique ni en Océanie.
MENACES - PROTECTION
Le poiseau n’est plus considéré comme une espèce rare, et son aire de répartition est assez large. Cependant il subit les mêmes menaces et demanderait les mêmes mesures de protection que les autres espèces, espèce humaine comprise. La pollution des rivières, et plus généralement de l’eau, les travaux de toutes sortes qui perturbent l’environnement et nuisent à la qualité de l’air, les effets de la surconsommation humaine, et ceux de la curiosité sans projet des promeneurs, le fait même qu’il soit désormais dans le savoir et sous le regard ne sont pas les moindres des dangers qu’il court.
ICONOGRAPHIE
Les deux céramiques représentant des poiseaux dans l’ouvrage publié par la Diane française sont de Salvatore Parisi. La terre noire utilisée pour les réaliser provient du lieu où a été observé le premier poiseau.