Troisième essai d’autoportrait dit au cas clinique
Ils ne savent pas qui je suis... Non, non ! Ils ne le savent pas. Ne le savent... ou, s’ils le savent, ils le cachent bien. Ils le cachent. Pourquoi le cachent-ils ? Pourquoi ? Ils jouent, ils jouent l’ignorance. Il veulent paraître ignorants, m’ignorer. Ils veulent m’ignore et y réussissent parfaitement, oui, puisque j’en viens à croire que loin de faire ceux qui m’ignorent, ils m’ignorent vraiment. Pourquoi ? Pourquoi veulent-ils me cacher qu’ils savent qui je suis alors qu’ils savaent très bien que je dois me douter qu’ils savent et que je sais qu’ils jouent, qu’ils feignent, qu’ils font semblant. A quoi jouent... Quel jeu jouent-ils pour se cacher de moi et me faire croire qu’ils ne savent pas ? Voilà. Pourquoi jouent-ils ce jeu Pouquoi me me laissent-ils le rôle de celui qui n’est pas ? Je veux dire : pourquoi ne me laissent-ils aucun rôle dans ce jeu ? Aucun rôle. Ce rôle de rien qu’ils veulent que je tienne, dans lequel, ignoré de ceux qui savent qui je suis, je suis censé ignorer qu’ils savent qui je suis, pourquoi me le font-ils jouer ? Qu’ont-ils à gagner, m’ignorant, à me tenir ignoré et me jeter sur le dos leur ignorance ? Pour m’ignorer ainsi, pour me faire croire qu’ils ne savent pas qui je suis, ils doivent forcément, au contraire, parfaitement le savoir, parce que s’ils ne savaient pas vraiment qui je suis, quel besoin auraient-ils de m’ignorer ? De me faire croire qu’ils ne savent pas ? Oui, oui, c’est ça. S’ils m’ignorent, c’est qu’ils me savent. Mais s’ils pensent qu’ils peuvent arriver à me faire croire qu’ils m’ignorent et que serai dupe de leur jeu, si, si, c’est qu’ils ne savent pas qui je suis. Bon bon, mais ils ne doivent vraiment pas savoir que je sais combien ils ne le savent pas, ils ne doivent pas, puisqu’ils m’ignorent... Oui, ils savent à quel point ils ne savent pas qui je suis, puisqu’ils m’ignorent. C’est parce qu’ils savent leur ignorance, qu’ils m’ignorent. Et pourquoi ? Pourquoi jouent-ils, alors qu’ils savent leur ignorance, à ceux qui en savent assez pour pouvoir m’ignorer ? Mais, moi, je sais bien qu’ils savent et ne veulent pas me le faire savoir. Il est des jours, ainsi, où leur ignorance me pèse... Pourquoi donc m’en veulent-ils ? Je leur apprendrai bien qui je suis. Oui, oui, qui je suis... Pour qui me prennent-ils à croire que je peux tenir leur ignorance de ce que je suis vraiment pour leur connaissance de qui je suis ? Il est des jours, ainsi, où je me dis que je saurai bien leur montrer qui je suis, et qu’ils en seront si étonnés, qu’ils ne pourront plus feindre l’ignorance. Je les contraindrai bien à avouer qu’ils savent...
Ainsi parlait-il dans la grande salle
AOI