La terre nous pardonnera-t-elle d’être ce que nous sommes ? La mer nous supportera-t-elle encore longtemps ? Oh ! que mourir serait doux si c’était vraiment manière de vivre ! Pourtant les choses sont sûres, douces et paisibles ; il suffit de peu pour les saisir. Que ferais-je, si j’étais cette terre-ci, de cette plante-ci ? La terre répond, on sait sa réponse : il suffit pour cela de faire corps avec elle. Oui, c’est cela : faire corps... Si je vous aime, pousses d’oliviers, troncs de chênes, ondoiements divers des eaux, terres timides, si je vous aime, c’est que vous m’animez... Et si je fuis l’engeance dont je suis, c’est qu’elle a sans doute peur de moi. Ou qu’elle aurait peur de moi, si elle me savait... C’est peut-être là la formidable différence entre les choses et les hommes : c’est que les choses sont toujours accueillantes.
AOI