
- Les grands calques
Un travail qui demande du temps - qui appelle le temps –
Par le temps je guette le moment où - la forme apparaîtra.
Ça ne marche pas toujours, mais parfois un tremblement peut surgir, (peut-être parce que « ça n’arrive jamais au bout et c’est comme s’épuisant, ») / un tremblement peut surgir par la perte du temps
La seule chose à questionner serait un rapport de vitesse.
Le temps n’est plus qu’un point, un éclair - l’espace rétrécit les os et les organes s’annihilent.
Nous allons devenir les dinosaures du doute et du mal de ventre – du détail et de la fabrication.
Les hommes oublient leurs spectres
La libération de la main
L’apparition du langage
Travail du dessin / Cheminement d’aveugle : attention extrême donnée à ce qui surgit - dans l’instant même du surgissement.
Le temps linéaire... le temps extérieur... est une convention, une vue détachée.
Le temps, est intérieur, il est stratification avec coutures, jointures, strates de différentes épaisseurs.
Petit gestes.
Le son d’une frappe obsessionnelle, puis, une résonance.
Répétition, ressassement, une sorte de bégaiement.
Petits traits sur les bords, cernent un vide, empilement des lignes et vibrations.
Dans la lenteur, courent de petites sensations - de petites perceptions se soulèvent.
J’égrène mon chapelet
Réminiscence : l’événement d’un pli – un repli du temps
Dans la durée du tracé, le geste porte en lui la présence des œuvres passées,
Réminiscence : faire détail et garder au bord du regard l’ensemble du travail
Mais alors, qu’en est-il de quel présent ?
Quelque chose de non-délimitées dans le temps : une forme qui n’aurait pas de bord, une matière qui se donne au vide.
Lorsque j’arrive à dire "ça tient", "ce dessin est terminé, je ne le touche plus", le "ça tient", n’est autre que le point où, la forme dessinée est l’écho d’un mouvement qui se situerait dans un espace intérieur. Intérieur au corps.
Il se passe là une sorte de "reconnaissance", de "réflexion".
Cela reviendrait à dire "cette forme m’appartient".
L’impression que le papier devient peau et chair.
Le dessin va de plus en plus vers la "lévitation", vers un espace traversé.
La forme dessinée pourrait subitement devenir une matière à part entière qui dans son mouvement (elle semble ramper à la surface du papier) pourrait à tout moment glisser hors de lui et prendre appuis dans l’espace environnant…. sur l’air tout simplement.
Passer sa vie à essayer d’attraper de l’air, voilà une bonne occupation.
Un dessin est toujours, ancré au précédent. C’est une couture, ce sont des points de couture.
Entre deux points, entre un dessin et l’autre, un espace "vide", un entre-deux,. qui précise que la main et l’esprit sont directement reliés.
L’idée est "collée" à la manipulation de la matière, au travail de la main.
Une respiration, le travail de la main crée de la pensée et inversement.
Dans cet espace, la réflexion et les mots "travaillent".
Une question devient prenante : « comment, et d’où, surgissent les choses ». Le problème de la représentation se déplace alors et on en vient à rechercher la « source » même du geste. Observer la naissance, en soi, de la forme devient alors sujet et objet.
Le dessin se mord la queue
Le besoin de nommer, écrire, participe à rendre visible un invisible, tout comme dans l’espace plastique.
« Je me parle ».
Besoin de mettre en bouche, par moment, le processus de création, les sensations de l’apparition. Cela engendre parfois l’apparition de nouvelles formes plastiques – la main et l’esprit respirent là encore dans un même mouvement.
Répétition :
ne pas finir – rallonger le moment de la fin.
Dans la répétition, le temps lent du faire, laisse place à un apparaitre intérieur.
La forme intérieure n’est certainement pas une image, encore moins du langage ou une pensée structurée.
Une sensation ? La sensation d’une forme entrain de surgir, une forme naissante... un état.
La forme intérieure apparait - dans et par - un va et vient mental.
Un va et vient du microscopique au macroscopique
Tout comme l’œil qui voudrait discerner un regroupement d’étoiles. Il ne doit pas chercher à voir la constellation pour qu’elle surgisse du fond de l’espace mais doit adopter un regard dans le vague, sur l’ouvert, sur la totalité de l’espace - fixer son attention sur le tout, ne pas rechercher le détail : Une vision dans le vague des étoiles