Ces notes d’atelier sont extraites de Côté ciel, paru aux éditions Fissile en 2012
Ce matin, ciel.
Présence de masses et mouvements. Deux lapins, une larve brune.
L’eau pourrait se multiplier, s’ajouter à la poussière.
De l’atelier et dans le trouble du blanc, je vois des bêtes se déplacer. Comme un médaillon.
Dans un premier temps, le regard. Ce qui tient en face, ne tient que là ; par la force des yeux.
C’est pourquoi tant de papiers tombent, par manque de courage dans l’épreuve.
Les puits au visage s’arrêtent dans la zone d’ignorance, s’ouvrent dans l’œil écarté. Je ne sais s’il faut se retrouver là, dans ce qui est peint, donné à voir ; se poster en avant de ce que nous sommes. On dépose comme autant de questions, comme autant de peaux muettes.
Les fleurs ne sont pétales que sur nos yeux.
J’avance par petits ponts.
Probablement loin, ce qui s’amarre à la pensée, pour construire le monde, manuellement.
Indéfiniment loin, l’équilibre.
Ouvrir le foin fait tomber la pierre.
Détendre la montagne retarde le poème.
Tout est sans cesse à replacer dans le corps, ou la tête à accommoder au monde.
Planter des troncs dans l’œil ne réduit pas le sang, ni la condamnation achevée devant la porte.
Atelier sous le ciel, objet dans la mémoire, triés par delà la bouche.
Je travaille dans le ventre de la baleine, et dans ce ventre semblable, j’extrais.
Les formes viennent des matières pour se nouer aux yeux. En eux, des forêts, des images plus infimes, des poils de roses.
La forme née de la rencontre du regard avec la matière ; se construit dans l’air, séparant les deux.
On nomme les formes par rapport à l’émotion, par rapport au détail et non par rapport au monde.
Le monde possède des formes qui ne sont pas forcément le vivant, l’énigme du vivant.
Par le geste, la forme s’annonce. Poids de la respiration pour saisir le relief.
Tout doit s’avancer obscur, rien ne doit terminer hésitant.
Pierre dressée, toujours à la portée du vent.
Parfois des puits se creusent à la place d’un tronc. Sont autant d’écorces que de saisons passées.
Lentement on assoit les heures, entasse la peinture à laquelle nous ne voyons pas de bras.
Œil sur la main, mâcher, à l’envers de tout.
L’état doit être celui de l’absence. Geste reculant le corps, tête sinueuse ; comme rayer une phrase sur un cahier.
Ce sont les gestes qui, s’agitant, effacent la pensée.
On cherche à mettre des titres, alors que les mots cherchent des images.