BÉATRICE MACHET
Suite de Résidence à la maison de la poésie trans-Jurassienne
« Je suis un écorché vif. Les attaques m’ont blessé. Mais la littérature vous fabrique une nouvelle peau. On peut comparer les phrases au fil de la chenille. L’oeuvre est le cocon qui va la protéger et la transformer en papillon. » Michel Butor
Selon la théorie évolutionniste les espèces vécurent dans des enveloppes rigides avant d’inventer le squelette. Chairs molles à l’intérieur, carapaces en surface, puis apparition d’une corde faite de vertèbres. Elle joua le rôle de colonne et les chairs de s’organiser autour des os en les enveloppant et la peau de se se souder en une ligne de partage désormais. Bilatérale l’espèce créait l’individu duel ( au minimum ).
Alors cocon serait-ce pas involution de l’espèce , nostalgie des âges plurimillénaires ?
Forte de la théorie, la problématique du cocon se résume en quelques questions :
Menuisier ou tisserand ?
Cocon cercueil ? Cocon linceul ?
Le coffrage ou le tricot ?
Le rigide ou le souple ( qui n’empêche pas la fermeté cela va sans dire)
Cocon de fil, encre bleue. Fils de nerfs. Courts-circuits. De quoi parle-t-on ?
(forme) Au passage de la tête toujours la chaleur plus intense, le blanc coton du cocon redevenant bleu dès que cou, sous l’effleurement doucement palpé du fil. Sous les pieds le bleu cyan, le bleu Prusse le bleu s’intensifie....quand les bras eux baignent dans les mers (murs) du sud.
Cocon magique au bout de ma quenouille au bout de mon rouet. Cocon bercé-berçant et soudain dans le bleu
cocon utérin
l’accouchement écrit se déroulera-t-il normalement ?
Cette vie en gésine, vie en geôle, quoi-qui enjolera-t-elle ?
Friselis rouges d’angoisse
tous ces fils bleus, cet entrelac, ce réseau de capillaires et ....
qui voit ses veines voit ses peines disait ma grand-mère..
spasme violet dans la poitrine
je m’effraie
je veux sortir
j’aspire au vide sans limites
interstellaire
où l’on se perd
je ne sens plus mes chairs ...
Cocon refuge dans le silence qui monte des organes
pétrit les membres
cocon maison
un ventre plus grand mais pas moins jaloux
fermé
Cocon comme une virginité assurée qui ne saurait s’exempter des rides ou du dessèchement
alors mieux vaut cocon prématuré
foetus grelottant
sans lange
sans linge
avec longe
prêt à se pendre au sein de l’infinité
un simple coup de pied suffit
pour faire le saut....
Prêt à se pendre ou pas le bleu définitivement s’éclaircit.
> Coquille nacrée odeur d’iode reflets moirés jusqu’à bulle transparente
j’y vois
venir à moi
la furie dévastatrice
mais jouer faire le pari
que tous contre UN plutôt qu’un contre tous
hors du cocon
mains
fils écrits
mailles et anneaux
une pression qui fasse du corps un ensemble tout à fait UN
comme tassé comme ramassé sous tension accumulant les forces
pour traverser les parois
avant que
choc...................
l’affaire est pliée.