Diaphane est le mot (ou n’est-ce pas translucide ?) Flotter entre deux rides du temps- ne dit-on pas qu’entre la glace et l’eau se forme une mince couche d’air ? C’est ainsi que vivent les Apaches, songeait Josué ils sont issus de ces mêmes ondes, de ces mêmes couches, ils ne sont pas morts, ils vivent beaux de cette transparente beauté que l’agonie pose en caresses savantes sur le masque de la mort. Je n’ai pas voulu aborder Ithaque en conquérant, mon retour a été celui de l’humilié. Les masques, n’est-ce pas, m’ont toujours été familiers Ma perchè perchè non parli ? Criait Josué en jetant son stylo sur la feuille. Qui anime nos figures qui anime nos figures ? Ta vie, ta vie, disait Dieu, est-elle autre chose qu’un songe ? Après tout peut-être que la nature n’est elle-même que petite fille boudeuse jouant avec des figures à peine plus complexes. Mais tes indiens, où sont-ils ? perdus dans quelle zone obscure et débile de ton esprit de vieillard ? Perdus comme entre la fresque et son voile d’enduit, entre les os et la peau des momies, se perd la vie. Mes songes, grommelait Josué, valent bien l’ombre des dieux. N’était-elle pas qu’une illusion ? N’était-elle vraiment qu’une illusion ? Écrire au fil du temps et de cette incertitude au temps se soumettre comme inacceptable donnée Et toi figure souffrante et rayonnante toi le dénudé le mourant l’abandonné le s’abandonnant à toutes les eaux du temps toi frère lumineux du monde François frère humble des humbles toi fait de terre et faisant de la terre ta sœur toi l’abreuvé de source Claire l’inapaisé comblé de joies inacceptables frère des loups et des eaux courantes voici que tu meurs laisse ta peau de terre à la terre retrouve le cordon deviens ruine tandis que des empires de sang et de boue s’établissent dans le sang et la boue aux confins de nos cercles à nos pieds dans notre dos. Voici que tu meurs François d’Assise, la 1226e année depuis la mort de notre frère sauveur qui nous fit tous fils de Dieu. Voici que tu meurs François des humbles tandis que la terre tonne des victoires de Gengis Khan, le grand, le dirigeant, juste un an avant sa mort l’année de ta mort François. Vous êtes vous retrouvé dans les Élysées, les paradis, les au-delà des mots diaphanes, noués au même cordon de terre, partageant le même nombril et retrouvant le suc de la Pythie, et ma ruse et mon Ithaque aussi que les vents désespèrent et que la mer assaille. Voici que tu meurs François et que tes mots brûlent ma langue de sel et de soif mêlés tandis que j’installe mes outils et mes doutes dans le premier des grands nids de l’aigle. AOI