AVANT-DIRE
“... parler une langue autre (...) immédiatement perceptible”
C.V.
Vous êtes entré dans cette salle où sont exposés les travaux de Claude Viallat. Vous vous dites “travaux” parce que vous savez le travail. Mais ce n’est pas d’abord le travail qui vous est dit ici. Vous êtes entré et vous avez plongé. Avec jubilation. Vous vous êtes immergé. Enfoui. Ou vous avez senti que vous flottiez dans le silence des lumières inconnues et familières. Vous avez lâché vos anciens parapets. Autour de vous, ce sont frondaisons et mousses, marais et cours d’eau, cascades, marées, vagues, étendues de mondes jamais vus, respirations sous-marines, ciels peuplés de soleils multiples. C’est l’envahissement d’une forme -évidente, simple, banale, commune, donnée, présente, silencieuse- qui flotte dans d’anciennes liquidités qui l’imbibent, lui donnent la forme qu’elles lui prennent, répandues, débordantes, glissantes, vibrantes, à peine limitées par le format sur lequel elles s’étalent. C’est que, vous le sentez bien, la limite pourrait ne pas être là. C’est qu’il n’est de limite que dans les failles entre deux zones, entre deux œuvres, entre deux pièces. C’est que les formes et les couleurs poursuivent leur étalement sous les failles, ou que leur étalement sourd des failles. Phréatiques.