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Fontelucco, 6 juillet 2000
Cher Raphaël
oh ! je m’étais pas demandé ce que représente le fait d’écriture à l’Autre sur la manchette du journal Le Monde... La chose m’avait paru naturelle : je me demande à présent pourquoi. Sans doute parce que ce journal représente le "quotidien", donc inscrivait la démarche de Bernadette d’emblée dans le fil de sa vraie place ; ensuite parce que cela m’avait paru la manière la plus simple de situer le jour, d’en marquer la singularité dans la continuité. Et quoi de plus neutre et de plus collectif qu’un journal, mais particularisé en devenant le support d’une lettre. Au fond, à la réflexion, le choix de ce support me paraît renforcer la démarche en unifiant, là encore, mais à l’inverse, un TU général et un JE personnel.
Faut-il s’interroger sur le genre du livre que nous "introduisons" Le rassemblement sous une couverture a un effet unificateur, presque automatique. Et voilà le plus considérable "cadavre exquis" qu’on ait jamais conçu ! Voyons le côté ludique de base -si j’ose dire- et l’émotion n’en sera que plus vivre d’être passée par le jeu.
Opalka : vous avez douté du décompte, certaines séries de nombres ayant pu n’avoir pas été tracées... Mais c’est tout bonnement impossible dans son système. Il lui arrive de se tromper de chiffre dans un nombre, pas de nombre. Ce qui aurait pu arriver, et m’a-t-il dit on l’en a soupçonné, c’est defaire moins de lignes pour faire plus de tableaux )et gagner plus d’argent ! Un jour, chez lui, j’ai compté le nombre de lignes du détail contenant le premier million et celui d’un tableau récent. Le récent en comptait nettement plus, ce qui a stupéfait Opalka qui n’avait jamais pris cette peine. Mais pas de risque pareil dans le Bruit du monde, chez qui le silence est significatif à l’égal du "bruit", et l’absence à l’égal de la présence - quant à Bernadette, elle est bien l’AUTEUR puisque l’auteur est celui qui fait exister.