MARCEL ALOCCO
se disant d’une nouvelle "École de Nice"
Tant pis pour eux. N’avaient qu’à pas.
Pas être là ; pas faire ça. Pas ici et maintenant.
N’avaient qu’à pas être artistes. Ou croire que. N’avaient qu’à pas être jeunes. Bien que, pour quelques uns les années... Personne n’avait demandé, alors pourquoi ? L’ont dit. Tant pis pour eux. Aurons eux aussi des bleus. Dans le ciel Côte d’Azur, mais au cœur aussi, plus sombres. Sur la toile des bleus, purs, moins purs, qui le sait ? L’Institution les recevra, et n’existeront pas. Ou existeront et (comme pour les aînés) l’Institution sera "douteuse".
École de Nice ? Bel héritage !
Le notaire leur a pas dit ?
Quoi ?
La jalousie des ailleurs ; la médisance des ici. La borne dans l’œil du voisin, et le Mont Boron dans celui des Niçois. Et alors, le prenez quand même votre ticket, jeune homme ? — ou jeune femme (tiens, tiens : Jeune femme, c’est nouveau ça !) Persistez ? Attendez votre tour, non, mais…
École de Nice ? Est-ce que vous avez le décret, avec l’estampille ? Génies autoproclamés ? Non-mais-des-fois ! Nous ont déjà fait le coup en 1958, en 1965, en 1967, et 74, et 77, 87, 97 ; et croyez que j’en oublie… Et maintenant ce serait tous les ans, avec ou sans l’École, la vraie, celle qui "délivre" (Vraiment ? C’est le bon mot ?…) qui "délivre" des diplômes d’artiste. Des artistes D.P.L.G. du pinceau, quoi ! Et puis des sans l’école, des autodidactes, des ignares qui croient qu’on peut barbouiller sans autorisations. On a déjà tout vu… et on en voit encore. Z’inventent, ma parole !
Vous acceptez donc encore l’héritage ?
Vous le revendiquez ?
Ça alors !
Sont de plus en plus fous, ces niçois !
Et puis, tant pis pour eux, n’avaient qu’à pas.
Bon… Alors puisque c’est comme ça…
Vraiment, le notaire leur a pas dit ?
Quoi ?
Les inscrites et les secrètes, les énormes et les en détails… toutes les dettes, nos dettes, tiens ! Tant pis pour eux, n’avaient qu’à pas.
Et comme disait Bergson (Henri) un philosophe d’un nébuleux temps jadis (1859-1941), qu’était encore en cours lorsqu’il y a beau temps j’étais en terminale : "Il n’est d’œuvre que faite".
Ne vous reste donc qu’à faire. (Oh ! si vous saviez, ce que notre prétention à l’"Oeuvre" est dérisoire…).
Alors, courage et patience, écolières et écoliers… Assez dit. Faites !… Et rendez-vous dans trente ans.
Nice, juin 1998
(Tract photocopié)