Archipel shopping, la dernière des sept parties de l’œuvre, est elle-même distribuée sur sept plages avec alternance de pages noires et bleues :
pp. 65- (72-73) -80 [5e cahier], pages noires,
129- (136-137) -144 [9e c.], pages bleues,
193- (200-201) -208 [13e c.], pages noires,
225- (231-234) -240 [15e c.], pages bleues,
257- (264-265) -272 [17e c.], pages noires,
321- (328-329) -336 [21e c.], pages bleues, et
385- (392-393) -400 [25e c.], pages noires.
Cet ensemble couvre ainsi 96 pages (l’équivalent de six cahiers) sur sept cahiers, le tout parfaitement centré autour du 15e cahier. Chacune de ces sept plages couvrant sept pages recto-verso (feuillets) à l’exception de la plage centrale qui n’en couvre que six.
Cependant la partie « Archipel shopping » se subdivise elle-même en quatre sous-ensembles qui ont fait l’objet d’une prépublication (sous-ensembles remaniés pour entrer dans la publication définitive où ils ne se distinguent plus par des numéros, ce qui augmente l’aspect labyrinthique de la lecture, mais que je continuerai d’utiliser pour éclaircir mon propos) : « Archipel shopping 1 », dans L’Arc/Roussel[i], « Archipel shopping 2 », dans Ubacs[ii], « Archipel shopping 3 », dans Givre [iii]et « Archipel shopping 4 » dans Maurice Roche par les autres[iv]. Il s’agit donc de quatre textes parallèles, ce qui explique leur disposition particulière dans Boomerang où ces quatre « versions », comprenant chacune quinze éléments comme le montre le tableau suivant, se lisent simultanément feuillet après feuillet.
1
le baume du tigre ;
Cook selon les Immémoriaux ;
lois de Pomaré ;
vaut le détour ;
quelque part en Erewhon ;
fêtes ;
rêve jaune de jungle ;
le surf à Ohonoo ;
alignements ;
calendrier ;
l’archipel du monde ;
Martial en Océanie ;
à ne pas manquer ;
changement d’heures ;
la colline aux exemples
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2
à bord de la Boudeuse ;
dans le ronflement des turbines ;
Omoo dans la Société ;
rêve jaune du bicentenaire ;
les huit splendeurs du lac Omi ;
un compagnon de Bougainville ;
alignements ;
conversation au lever du jour ;
avec Saint Preux en Océanie ;
le jeune parisien ;
modeste proposition ;
décharge ;
autour du nickel ;
rêve jaune d’Indes galantes ;
nomenclature
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3
escale ;
rêve jaune des Antipodes ;
réseau aérien ;
Sainville en Océanie ;
la chair humaine ;
manger ;
la clef des îles ;
le dernier des Tasmaniens ;
alignements ;
perspective maritime ;
autour du lac ;
rêve jaune du NO ;
régal ;
le bazar du monde ;
contraception
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4
diapositives d’une journée de nô ;
hors taxes ;
le vieillard sur le mont Omi ;
Taji en Mardi ;
séries d’Outamaro ;
alignements ;
dans les rues de Tokyo ;
blues pour les neufs chœurs des anges ;
rêve jaune de carnaval ;
estampes classiques ;
à l’intention des gastrosophes ;
l’oiseau noir dans le Soleil levant ;
imposer la propriété ;
Ishmaël aux Galapagos ;
un autre opéra
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Mais il est facile d’observer que la place de ces textes-seconds varie sur la page au fur et à mesure que nous avançons. Ainsi le texte « Archipel shopping 1 » occupera sur les 48 pages sur lesquelles il se déroule et selon un ordre régulier de progression, le haut des pages impaires, puis le bas des pages impaires, puis le bas des pages paires et enfin le haut des pages paires, comme si le texte se mettait à tourner sur la page. Et ainsi de suite pour les trois autres textes. Le thème dominant de cet « Archipel shopping » étant l’île ou plutôt les innombrables îles du Pacifique, mais également le Japon et Los Angeles, cette dernière ville venant comme en contrepoint de la ville de Singapour qui focalise plus particulièrement l’attention, on constate que cette parcellisation du texte-titre et ce mouvement renvoient métaphoriquement au thème abordé dans ces pages, un peu comme la longueur des phrases dans la partie « Egypte » du premier Génie du lieu épousait métaphoriquement la structure essentielle du pays dont le Nil, qui le traverse d’un bout à l’autre sur plus de 1200 km, forme la colonne vertébrale. La disposition de ces quatre textes est donc parfaitement justifiée du point de vue spatial[v].
Cependant on prendra garde que ces quatre textes-seconds ne tournent pas tous les quatre dans le même sens : deux tournent vers la droite (le 2 et le 3) et deux vers la gauche (le 1 et le 4). Dispositif qui rappelle celui adopté par l’auteur pour son Réseau aérien, cité abondamment dans ces pages, dans lequel deux avions partant de Paris, l’un par l’est et l’autre par l’ouest, arrivent en même temps à Nouméa en Nouvelle-Calédonie[vi].
Par ailleurs le caractère citationnel, voire autocitationnel puisque Butor y cite son propre ouvrage Réseau aérien, qui date de 1962, comme nous venons de le voir, le caractère citationnel au sens large donc, d’une bonne partie du texte ne fait que corroborer son aspect très fragmentaire, atomisé pourrait-on dire. C’est ce que je voudrais indiquer maintenant.
Dans l’ensemble d’Archipel, comme dans l’ensemble de l’œuvre d’ailleurs, un certain nombre de noms propres apparaissent en grosses lettres capitales au milieu du texte et se détachent comme des sortes d’îlots à la surface de la mer. Ces noms ou « signatures » comme les appelle Butor[vii], au moins dans cette partie, sont tous des noms d’écrivains connus. Dans les autres parties de l’œuvre ces noms sont aussi bien des noms d’écrivains que des noms de groupes humains, voire de lieux. Au nombre de douze ici : Segalen, Bougainville, Butler, Verne, Melville, Roussel, Claudel, Diderot, Walter (le moins connu de tous, il s’agit de Richard Walter auteur de A voyage around the world, in the years MDCCXL, I, II, III, IV, by George Anson,Londres, 1748, traduit en français en 1749 et que Voltaire utilisera dans son Précis du siècle de Louis XV[viii]), Sade, Breton et Barthes, certains (6), n’apparaissent qu’une seule fois, un (Breton), deux fois, un autre (Butler), quatre fois, Claudel, cinq fois et Verne, six fois, les deux écrivains les plus souvent cités étant Bougainville et Melville, respectivement dix et douze fois. Tous deux navigateurs intrépides comme on sait. L’un auteur d’un Voyage autour du monde[ix] paru en 1771 à Paris et l’autre auteur entre autres écrits de Omoo, Mardi et les Îles enchantées, respectivement de 1847, 1849 et 1856.
Ce sont ces œuvres, parmi d’autres bien sûr, qui pour l’essentiel vont alimenter les pages d’Archipel. Précisons tout de suite que dans Boomerang, Bougainville est cité abondamment non seulement dans Archipel mais aussi dans Courrier des antipodes où il côtoie un autre grand navigateur, auteur comme lui d’une relation d’un voyage autour du monde, le Capitaine Cook. Notons du reste, que ces deux régions, Courrier et Archipel, l’une entièrement en rouge, l’autre, comme nous l’avons dit, en bleu et en noir, se complètent par les couleurs, les régions du monde qu’elles explorent étant voisines de surcroît.
Dans le Courrier donc, Butor utilise presque tout le « Discours préliminaire » du Voyage autour du monde qui énumère « tous les voyages exécutés autour du monde » avant celui de Bougainville lui-même. Ainsi donc bien que découpé, le texte de Bougainville chez Butor garde une certaine continuité. En revanche dans Archipel, Butor fait quelques emprunts ici et là aux chapitres VIII, X, XI, XII et XIII de l’ouvrage, mais il cite aussi un passage de « Tahiti ou la Nouvelle Cythère » par Philibert de Commerson, Vivès et Fesche[x] (c’est à ce dernier qu’il emprunte), sans oublier bien sûr un extrait du Supplément de Diderot. L’aspect fragmentaire du texte de Bougainville et de ses alentours est donc particulièrement prégnant dans Archipel. Il y est cependant beaucoup question de l’île de Tahiti, même si de nombreux fragments citationnels concernent d’autres îles à travers notamment leur nomination par l’auteur du Voyage.
Quant aux œuvres de Melville, au nombre de trois, il s’agit surtout de fragments qui concernent également l’île de Tahiti, la « Reine du Sud », objet mythique par excellence de la civilisation occidentale moderne (on en peut suivre ici le développement). Ainsi Butor fait dialoguer ces deux grands ensembles que sont le Voyage d’une part et Omoo et Mardi d’autre part en les associant étroitement, enserrant par exemple telle citation de Bougainville entre deux citations de Melville. Cette relation-confrontation des textes est très forte et se poursuit sur trois des quatre « versions » du texte d’ensemble (les « versions » 1, 2 et 4), tandis que dans la troisième, c’est au dialogue des textes vernien (Les Enfants du Capitaine Grant[xi]) et butlérien (Erewhon ou de l’autre côté des montagnes[xii]), l’un touchant la question du cannibalisme et l’autre étant une féroce satire de la colonisation, que nous avons affaire principalement tandis que le lieu privilégié reste Singapour, le « bazar du monde », « paradis de la consommation », où notre auteur, comme il le racontera plus explicitement dans Curriculum vitae (p.221), fit une escale de trois jours en 1976, de retour d’Australie, « sans le moindre argent » en poche. Ce qui, d’une certaine façon, donne à ce « shopping » tout son caractère antipodique pour ne pas dire antinomique. On comprend dès lors que les centaines d’objets de toutes provenances (« Antiquités chinoises … indiennes … indonésiennes … malaises … philippines … siamoises … népalaises, birmanes, coréennes, japonaises », p.68 ou encore : « tous les bijoux : rubis de Birmanie, perles du Japon, diamants d’Afrique, topazes fumées de l’Inde, saphirs du Moyen Orient, plumes, zircons et œils-de-chat du Siam, jades de Chine, filigranes de Malaisie, émeraudes et grenats du Bengale, pacotille d’Europe », p.323 ) et autres biens de consommation (« à Singapour vous pouvez déguster de la cuisine occidentale : américaine, autrichienne, anglaise, française, allemande, italienne, mexicaine, russe, écossaise, espagnole, suisse … vous pouvez manger en plein air des omelettes aux huîtres, des nouilles hokkien, malaises, hindoues, de la soupe à la tortue, aux côtelettes de porc, au mouton, des crêpes du Dekkan … » etc, pp.323-325) énumérés dans ces pages participent de cette fragmentation du texte tout en posant la question du consumérisme de notre société et plus largement du monde dans lequel nous vivons.
Cependant pour donner une idée plus précise du caractère morcelé du texte d’ensemble, il nous faut aborder un autre point. C’est qu’à côté de certains des éléments des diverses « versions » d’Archipel dont on peut suivre le développement assez aisément puisqu’ils n’appartiennent qu’à une seule « version » (ainsi le « blues pour les neuf chœurs des anges », sur Los Angeles, dans la « version » 4), certains autres éléments non seulement ne se répartissent pas de façon continue à l’intérieur du sous-ensemble auquel ils appartiennent, mais surtout font des sauts de carpe, naviguent entre telle et telle version, si bien qu’on ne peut appréhender ces éléments que de façon fragmentaire et discontinue, comme baignant dans un ensemble d’éléments eux-mêmes éparpillés. Ainsi, pour prendre un exemple, l’élément appelé « lois de Pomaré » qui se rapporte à Tahiti apparaît successivement dans les « versions » 1, 2, 4 et à nouveau 2, 1, 2 et 4 tout en entrant en résonance ici ou là avec telle ou telle citation, de Bougainville en particulier, de sorte qu’on peut lire des passages de ce genre (p. 198) : « L’air qu’on respire, les chants, la danse presque toujours accompagnée de postures lascives, tout rappelle à chaque instant les douceurs de l’amour, tout crie de s’y livrer jaune toute personne mâle ou femelle coupable de fornication, d’avoir donné des conseils à d’autres, d’avoir caché ou de n’avoir point informé sur-le-champ les missionnaires ou les juges à la conférence publique, toute personne trouvée coupable sera jugée par les lois civiles et punie par une amende ou par un travail pénible suivant les circonstances ». Le choc des citations étant d’autant plus fort qu’il est moins attendu, tout en faisant écho comme ici au thème plus large de l’enfer et du paradis souvent évoqué dans ces pages.
Enfin, on peut ajouter que chaque élément de la liste contenue dans chacune des quatre « versions » données plus haut est formé lui-même d’un certain nombre d’éléments plus petits qui s’agrègent les uns aux autres tout en obéissant néanmoins à une syntaxe particulière comme dans le cas de la citation précédente où le mot « jaune » (marque de couleur qui irise plus encore la surface du texte, couleur qui change pour chacune des parties de l’œuvre) ponctue la phrase et permet de distinguer ses constituants, tout comme certains de ces soixante éléments viennent, à un niveau supérieur, ponctuer l’ensemble d’Archipel shopping, lui donnant une sorte de respiration propre, tels ces « alignements » qu’on rencontre dans les quatre « versions » ou encore ces « rêve(s) jaune(s) » qui entrent en relation avec les six autres parties de l’œuvre.
Ainsi chaque élément de chacune des quatre « versions » est composé d’un ou plusieurs fragments (de 1 à 5) d’un certain nombre de ce qu’on peut appeler les composants. Ces derniers sont, sauf erreur, au nombre de vingt-sept sur l’ensemble d’Archipel shopping. Ces composants se rapportant par exemple à la villa des frères Aw à Singapour avec ses sculptures en ciment peint auxquelles s’accrochent toutes sortes de légendes, à Singapour même, au théâtre Nô du Japon, à Los Angeles, à Jules Verne, à Bougainville, ou encore à Réseau aérien, au peintre japonais Outamaro, à l’Australie, etc. Chaque « version » comprend ainsi trente-cinq fragments d’un certain nombre (quinze en moyenne) de ces 27 composants. Cependant la répartition de ces 140 fragments au total n’est nullement laissée au hasard contrairement à ce qu’une lecture trop rapide pourrait laisser supposer. En effet, on observe de nombreuses symétries dans cette répartition. Une première a lieu entre les 15 éléments de chacune des « versions » autour du huitième qui ne compte d’un seul fragment, successivement « le surf à Ohonoo » (citation de Melville), « conversation au lever du jour » (citation du Supplément au voyage de Bougainville de Diderot), « le dernier des Tasmaniens » et « blues pour les neuf chœurs des anges » (sur Los Angeles). Fragments (le Retour du boomerang les classe parmi les « vignettes ») qui, pour l’essentiel, sont tous situés logiquement dans le cahier central.
Mais des symétries s’observent également au niveau de chaque « version ». Ainsi dans la « version » 4, les cinq fragments du composant intitulé « séries d’Outamaro » répondent parfaitement, y compris thématiquement bien sûr, aux cinq fragments des « estampes classiques », ou encore les trois fragments du « vieillard sur le mont Omi » répondent parfaitement aux trois fragments de « l’oiseau noir dans le soleil levant », Claudel et l’art japonais étant au centre de ce dispositif, et même si leur place est légèrement décalée dans les deux cas. Je pourrais citer des exemples dans chaque « version ».
Mais il existe aussi d’autres symétries, notamment à un niveau plus large, c’est-à-dire entre certains éléments des versions entre elles. Ainsi le composant intitulé, d’après la série d’estampes d’Hiroshige, « les huit splendeurs du lac Omi », de la « version » 2, qui compte quatre fragments, est symétrique de celui de la « version » 3 intitulé « autour du lac » et cette fois aussi bien quant au nombre, à la nature et à la place exacte des différents fragments. De même l’élément III de la « version » 1 est-il l’exact symétrique de l’élément XIII de la « version » 4 qui contiennent à eux deux la première et la dernière citation des composants « Bougainville » et « lois de Pomaré ».
Symétriques enfin les éléments plus structurels que sont les différents « alignements » et surtout « rêves jaunes ». Leur place est parfaitement symétrique par rapport à l’ensemble d’Archipel, comme on peut le constater du reste dans le plan donné plus haut.
On voit donc ainsi que par rapport à Jungle, la première partie de l’œuvre, dont la composition est on ne peut plus simple, celle de cette dernière partie de Boomerang, où l’auteur tente de saisir l’originalité du lieu (en l’espèce Singapour), son génie, est d’une particulière richesse et complexité. Entre les deux, les autres textes se présentent comme autant d’étapes intermédiaires, autant d’escales sur la route de ce voyage autour du monde un peu particulier qu’est Boomerang mais qui s’inscrit néanmoins dans une certaine tradition du voyage autour du monde aussi bien scientifique que littéraire, mais pour le moins critique, comme en témoignent non seulement les œuvres de Cook et de Bougainville, mais également les œuvres de Jules Verne ou d’Herman Melville, ou même de Raymond Roussel dont Butor cite des extraits de sa correspondance depuis les antipodes (avec Charlotte Dufrêne notamment - clin d’œil à la sienne propre ici même avec Marie-Jo ?) et de bien d’autres évidemment.
[i] « Archipel shopping 1, version préliminaire arrangée pour en faire compliment à l’oncle Raymond à l’occasion de son centième anniversaire », L’Arc/Raymond Roussel, n°68, 1977, pp.89-96.
[ii] « Archipel shopping 2, version préliminaire arrangée pour en faire compliment à Georges Perros à l’occasion de l’hommage qui lui est rendu », Ubacs, n°2-3, 1977, pp.50-64.
[iii] Cette publication annoncée n’a, en réalité, jamais vu le jour.
[iv] "Archipel Shopping 4, version préliminaire arrangée pour en faire compliment à Maurice Roche à l’occasion de l’hommage qui lui est rendu", dans Maurice Roche par les autres, L’Athanor, 1978, pp.135-146.
[v] Quatre volets ou "versions", soixante (4 x 15) éléments : il est bien sûr loisible au lecteur, puisque cette partie de Boomerang est construite principalement autour de Singapour, de voir des correspondances entre les 60 îles (59 petites plus une grande) et les quatre langues officielles que compte cette République d’Asie et ces chiffres. Qu’il me suffise de retenir ici l’idée de parcellisation importante du texte dans son rapport à un objet non moins parcellisé ou morcelé.
[vi] Réseau aérien, texte radiophonique, éditions Gallimard, 1962, 121 pages. Repris dans Œuvres complètes V, 2007. Sont citées ici seize des « petit(s) fragment(s) de dialogue comportant six répliques » entre les couples de passagers A i et A j, respectivement des avions 2 et 1, des pages 44 à 119.
[vii] Le Retour du boomerang, 1988.
[viii] Richard Walter, Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, par George Anson, Amsterdam et Leipzig : Chez Arkstee & Merkus, 1749. Ouvrage lisible sur la toile. La citation de cet ouvrage faite par Butor est empruntée au Livre III. L’allusion à la Nouvelle Héloïse de Rousseau publiée douze ans plus tard (le sous-titre en italique « avec Saint-Preux en Océanie » encadre cette citation) montre à coup sûr le grand retentissement de cette expédition anglaise à l’époque. Du reste, Butor le souligne dans son essai sur Rousseau, « L’île au bout du monde » (dans Répertoire III, Minuit, 1968) : « le récit du voyage de l’amiral Anson auquel participe Saint-Preux (…) était entre toutes les mains. » Précisons d’ailleurs que cette citation même du livre de Walter est extraite de cet essai de l’auteur (p.90) qui note qu’il traduit lui-même de l’anglais. Essai qu’il utilisera abondamment dans le tome suivant du Génie du lieu, Transit.
[ix] Bougainville : Voyage autour du monde par la frégate la Boudeuse et la flûte l’Etoile, suivi du Supplément du Diderot, éditions 10/18, 1966.
[x] Fait suite au Voyage de Bougainville dans l’édition indiquée dans la note précédente.
[xi] Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant, sous-titré : « Voyage autour du monde », 1867, est le premier volet de la grande trilogie vernienne qui se poursuit avec Vingt mille lieues sous les mers, 1869, et s’achève avec L’Île mystérieuse, 1874. Les citations de Verne sont reprises du chapitre VI de la troisième partie intitulé « Où le cannibalisme est traité théoriquement », pp.671-674 dans l’édition du Livre de poche, 1970.
[xii] Samuel Butler, Erewhon ou de l’autre côté des montagnes, traduit de l’anglais par Valéry Larbaud, Gallimard, 1920. L’œuvre a été publiée pour la première fois anonymement, en anglais, en 1872.