Le tissu d’acier tournoyait autour de la ville ; ses mailles étaient assez rigides pour supporter la rotation et assez lâches pour laisser apparaître l’autre côté à travers le brouillard de la vitesse. Aucune défense n’aurait pu mieux s’adapter à toute situation : les mailles, seules, parcourues de hauts voltages, auraient interdit l’accès aux indésirables. La rotation évitait toute attaque en force des troupes ennemies ; en outre la vitesse avait un effet centrifuge sur quelque projectile que ce fût. On se servait peu des portes. Plusieurs sorties avaient pourtant été prévues : des issues souterraines depuis des siècles abandonnées avaient permis aux anciens de fréquents voyages vers l’extérieur ; depuis, les vastes couloirs avaient été noyés d’acides ; pour les rares nécessités de transactions avec les indésirables, on utilisait les tunnels électriques, plus complexes, nécessitant la décision unanime des hauts responsables de la ville : parfaitement surveillés, aptes à s’ouvrir sur n’importe quel point de l’enceinte et à se refermer rapidement. Le tournoiement ne cessait pas : au lieu choisi, les mailles souples ondulaient, et libéraient le passage nécessaire pour se replacer aussitôt.