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Ça a bien un sous l’occupation sommaire ► page suivante attelage ii est une œuvre lorsqu’on connaît une clere est la noit e la cinq madame aux yeux   entrons maintenant je reviens sur des comme une suite de page suivante ► page essai de nécrologie, chers élèves du collège nous lirons deux extraits de       pass&eac le 23 février 1988, il textes mis en ligne en de proche en proche tous jacques kober : les sommaire des pour jean marie       en page suivante ► page antoine simon 27  je ne voulais pas six de l’espace urbain, le travail de bernard il y a bien là, dans     cet arbre que la terre nous page précédente retour quand on arrive de new-york madame, on ne la voit jamais d’abord l’échange des petit matin frais. je te quatrième essai de       s’ préparer le ciel i sommaire ► page suivante merci à marc alpozzo non, björg, s’il  c’était le lourd travail des meules       baie frères et       &nbs art jonction semble enfin equitable un besoin sonnerait page suivante ► page le corps encaisse comme il   si vous souhaitez à yvon quand une fois on a albertine la mastication des rafale n° 9 un depuis le 20 juillet, bribes à claude held patiente la nos voix ce 28 février 2002. et que dire de la grâce éphémère du 2       droite pas une année sans évoquer et que vous dire des page suivante ► r.m. a toi carles li reis en ad prise sa       pour " je suis un écorché vif. dernier vers aoi toutefois je m’estimais       voyage le chêne de dodonne (i) au rayon des surgelés bernar venet - dernier vers aoi il regarde il écoute il pas facile d’ajuster le vue à la villa tamaris ensevelie de silence,  le "musée les céramiques et leurs à yvon « oui, elle réalise des un texte que j’ai vers les voix de l’ange petits rien 4 et 5 (env. 7cm pour accéder au texte, aller à la bribe suivante avec marc, nous avons là-bas, dans le pays des pour accéder au texte, comment entrer dans une   maille 1 : que "nice, nouvel éloge de la mult ben i fierent franceis e alain lestiÉ un art de la dans les rêves de la       sur le avant-dire  “... quelques photos il existe deux saints portant toujours les lettres : des voiles de longs cheveux ouvrir f.a.t.a. i ► le toi, mésange à si elle est belle ? je la poésie, à la       le page suivante ► page et nous n’avons rien   pour théa et ses       nuage page suivante ► page pour pierre theunissen la thème principal :       rampant vers le sommaire des recueils je t’enlace gargouille  dernières mises page suivante ► page laudatu sii, mi signore, les carnets éclaboussés 2 vers la première       les page suivante ► page ils avaient si longtemps, si la tentation du survol, à "le renard connaît vous pouvez directement me carissimo ulisse, torna a dernier vers aoi préparer le ciel i je n’ai pas dit que le pour gilbert ce texte a été rédigé à       journ&ea       parfois madame, vous débusquez dernier vers aoi page d’accueil de à le chêne de dodonne (i) page suivante ► page page d’accueil de quai des chargeurs de       ç un titre : il infuse sa autres litanies du saint nom dans l’innocence des       sur viallat © le château de la liberté de l’être  au travers de toi je qui d’entre nous j’arrivais dans les     surgi       bien l’eau froide de l’anse attention beau difficile alliage de préparer le ciel i à la bonne c’est la chair pourtant tout le problème  il y a le châssis, page suivante ► page vers la deuxième nous serons toujours ces une image surgit traverse le page d’accueil de   au milieu de dernier vers aoi ■ cézanne en peinture le nécessaire non reprise du site avec la       la 10 vers la laisse ccxxxii approche du continent pour maxime godard 1 haute beaucoup de merveilles ping pong entre miche     tout autour cent dix remarques i► cent carmelo arden quin est une bribes en ligne a pour michèle auer et gérard   adagio   je granz fut li colps, li dux en prenez vos casseroles et la parol

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MICHEL BUTOR

Dix regards sur l’atelier désert d’Olivier Debré
© Michel Butor
Publication en ligne : 16 février 2009
Artiste(s) : Debré , Baltazar Ecrivain(s) : Butor (site)

pour Julius Baltazar

1
le regard égyptien

  Dans son atelier le peintre regarde. Sa toile d’abord, son modèle quand il en avait un (et avec quelle intensité !), tous les objets qui ont abouti là, plus ou moins choisis, plus ou moins imposés par l’administration, les gens qui passent, la rumeur ; et parfois la peinture est là justement pour le protéger contre cette invasion, ca capharnaüm ; il s’y réfugie. Mais aussi le peintre se sent regardé, car il travaille pour le regard d’autrui qui appréciera plus ou moins, goûtera, jugera, paiera, utilisera. Et ce regard n’est pas seulement futur. Il y a le visiteur, le marchand, l’ami, le critique. Cela interrompt en général le travail, mais aussi l’envahit. Une fois l’importun parti, lequel est parfois respecté, admiré, aimé, pas facile de s’y remettre. On n’est plus seul. Le regard de l’autre demeure, envahit tout. L’examen déborde avant et après. Car il y a aussi hier, l’an passé, le siècle passé, les amis d’autrefois, ceux qui sont morts avant qu’on naisse. Ainsi les peintres qu’on admire, même sans se le dire, même en disant le contraire. Qu’aurait-il pensé en voyant cela ? Les peintres ou tous ceux qui nous ont donné directement ou indirectement quelque chose à regarder. Le regard d’autrui est évoqué, exorcisé, célébré dans l’atelier par des figures, des reproductions ou citations, des fantômes de visages venus parfois de civilisations fantômes patiemment désensablées dans le désert proche du Nil.


2
le regard tourangeau

  Même dans l’atelier parisien la lumière met en jeu d’autres temps, d’autres lieux, ceux de l’enfance en particulier. Cette nuance particulière de gris sur le mur, soulignée par un rayon entre deux nuages, n’était-ce pas celle précisément d’un toit d’ardoises au détour de la rue et du fleuve ? Ce blanc celui de tel château se réveillant au bois, bruissant de souvenirs des satins et sonnets sur le fond monotone de la leçon psalmodiée aux touristes fourbus et ravis que leurs cars attendent sur l’esplanade. Créneaux et machicoulis dessinent leurs grecques dans le plâtre ; les ombres ravivent les échos d’explorations dans les caves et carrières au-dessus des vignes tandis que le soleil se couchait derrière les roseaux d’où s’échappaient des hérons. D’un marécage venait le barrissement d’un butor. Le balancement des arbres vient s’inscrire dans les vitres rectangulaires avec la topaze ou le rubis qui brillait dans les verres à pied dont on faisait tinter le cristal sur la terrasse pour trinquer avec les amis des parents.


3
le regard parisien

  Ils parlent ; ils n’en finissent pas de parler ; ils se brouillent et débrouillent ; ils commentent, ils philosophent, ils paradoxent, ils retournent leurs vestes, ils attaquent, ils insinuent, ils se scandalisent, ils se récrient ; mais en ne les écoutant que d’une oreille, on peut les examiner des deux yeux, admirer le drap de leur veston, la moire de leur cravate, le dégradé de leur coiffure. Le mouchoir qu’ils sortent soudain pour s’éponger ou éternuer, s’ouvre comme une fleur. L‘ombre d’un barreau vient caresser leur main. Voici celle d’une femme avec ses ongles travaillés, exactement la nuance que l’on cherchait depuis si longtemps. Elle déploie sa chevelure en la secouant , et c’est le vent de la plage qui entre soudain avec le cri des mouettes. Quand ils s’en vont, on les suit dans le vestibule, on les imagine dans les rues, dans les galeries, dans leurs appartements où certains ont des tableaux dont ils parlent, dans les cocktails ou les dîners avec vedettes, ministres, ambassadeurs, dignitaires ecclésiastiques, et même des peintres. On peut prendre des vacances ; on peut voyager ; on est tellement sûr qu’on les retrouvera, les mêmes individus ou leurs sosies, avec les mêmes gestes, les mêmes voix, le même vocabulaire qui évolue lentement d’une année à l’autre, chez certains un peu plus vite, les lanceurs de modes ; et tout cela forme une musique exquise quand on réussit à prendre une distance suffisante pour l’écouter, un peu comme celle de la pluie.


4
le regard norvégien

  Les toiles tendues sur leurs châssis, appuyées sur les murs, puis l’une sur l’autre avec une pente qui s’accentue et qu’il faut toujours redresser, corriger, sous peine d’écroulement, donc d’engorgement, d’embouteillage, d’impossibilité de plus circuler dans les canaux de l’atelier, les fjords réservés, les toiles font descendre jusque dans notre plaine les escarpements et les éboulis, les forêts quasi-verticales qui se terminent en nappes de prairies, cascades et lacs sous les pieds des églises et des maisons de bois. Les baguettes s’épaississent en poutres ; la moindre ondée de l’autre côté du vitrage s’amplifie en orages, et le courant d’air en tempête. Quand la peinture glisse et coule sur le grain du tissu préparé, le pinceau se met à crisser comme une paire de skis sur la neige fraîche. Quelle liberté alors, quelle maîtrise de ses mouvements jamais expérimentée lors des quelques essais sportifs ! Le saut, l’acrobatie, la virevolte ; et l’on remonte de l’autre côté pour se répandre, neige soi-même, aiguilles et nuages, marée soi-même, haletant douloureusement, victorieusement dans les tuyaux de givre et les halos du soleil de minuit.


5
le regard chinois

  L’armée qui sort de terre ; piétons ou cavaliers en morceaux d’abord, puis patiemment reconstitués, redressés ; l’armée qui donne l’impression de sortir d’un tunnel et qu’elle pourait soudain secouer sa poussière pour escalader les murs de ses fosses et crier sa hargne contre la creuse immortalité qui lui avait été promise, contre l’empereur fou avec ses idées de grande muraille ; l’armée implacablement scandant ses idéogrammes en quelques gestes accusateurs et qui change soudain de costume et d’époque ; l’armée soudain devient troupe innombrable d’acrobates, chanteurs et danseurs, faisant tournoyer épées et bâtons, jonglant avec bols, baguettes ou crânes, frôlant rideaux et bannières, les entraînant en tournoiements et drapés tandis qu’entre ses colonnes sur son piédestal à pétales de lotus, le Deux fois né venu du Sud, le Tout heureux, le Revenu de toute déception, répand dans l’or et l’encens sur la foule qui ne sait plus du tout où l’a menée sa longue marche, un sourire inépuisablement compatissant.


6
le regard japonais

  Il y a un moment où il faut retourner la toile. Soit qu’on ne sait plus comment s’en tirer ; il faut donc la laisser reposer, déposer, en espérant que les choses s’éclairciront, qu’une idée viendra, une issue. Soit au contraire qu’on a l’impression que ça y est ; on a réussi, l’oeuvre est faite ; ce dont on se méfie toujours, et donc il faut la mettre en quelque sorte en pénitence ou purgatoire, en attente d’un jugement plus rassis. De toute façon il faut dégager le terrain. Même si l’on travaille sur plusieurs chevalets à la fois, sur plusieurs tables ou plusieurs régions du sol, parquet ou lino, il faut diminuer un peu la perturbation, la résonance. Aussi quand on va chez un peintre, en général on ne voit au début que les dos des toiles, à quelques exceptions près qui seront inéluctablement recouvertes par la suite dans le long et souvent périlleux exercice du retournement. Donc la toile sans peinture, même sans apprêt, avec sa poussière et son grain, dans le cadre de son châssis, un anticadre en quelque sorte, est comme un rectangle de sable ratissé entre des passerelles de bois, écran sur lequel des signes s’installent comme des rochers ou des statues le long desquels des moines couleur de miel , devant paravents et panneaux à glissière, poursuivent leur interrogation méditative.


7
le regard africain

  La savane le soir avec les espèces, chacune à son tour, qui viennent boire au point d’eau, avec les hommes qui observent tout ce rassemblement attendant la dispersion crépusculaire, les hommes enfoncés dans le paysage, lui appartenant malgré leurs costumes nouveaux, leurs chapeaux et chaussures ; les hommes qui depuis toujours marchent, sautent et courent avec des lances et des bâtons, à la recherche de viande pour la famille, de peaux et d’ivoire pour les européens qui s’installent -on dira bientôt les occidentaux-, qui gagnent comme une moisissure. Des hommes aussi semble-t-il, mais qui se comportent comme s’ils étaient d’une espèce différente, conquérant, colonisant, évangélisant, enseignant, civilisant, urbanisant, ces occidentaux qui occupent de plus en plus de terrain, traçant leurs routes, déplaçant les villages, rasant les forêts, creusant des mines, aménageant des aéroports. Certains parfois sont pris dans le piège de ce continent ; leurs yeux d’occidentaux, même s’ils sont bleus, se chargent d’un autre vent, d’une autre boue, même d’une autre langue. Mais, pour la plupart, ils glissent, dans leur agitation nostalgique, tels des planches à voile sur les nappes vertes et ocre, planent, tel des parapentes sur les dunes lisses comme des champs de neige, ondulent sur les vagues de poussière et de sueur, s’efforçant d’amasser pécule ou collection, attendant le retour vers le seul pays qu’ils considèrent comme réel.


8
le regard américain

  Le secrétariat, l’administration, la gestion : comptabilité, taxes, pourcentages, valeurs d’assurance, estimations, cotes, résultats au dernier passage en salle des ventes. Après le grincement de la plume, le crépitement de la dactylographie, le crissement de la télécopieuse, le sussurement de l’ordinateur transmettant des messages transatlantiques avec bilans, factures, déclarations pour les autorités compétentes, avalanches de chiffres et de réglementations. Cinquième avenue, Greenwich village, Soho, Wall street. Mais il y a aussi les grands voiliers d’autrefois, clippers ou baleiniers à la poursuite de Moby Dick, les broches des autoroutes épinglant le paysage dans la fumée des barbecues et les gerbes d’étincelles projetées par les motocyclettes sauteuses, les églises blanches, les érables en automne, les cardinaux de Virginie, les trains fabuleux, les aigles chauves, les lacs, les essaims d’avions longs-courriers tournoyant au-dessus des pistes en attendant le feu vert de la tour de contrôle, les grands silos jusqu’aux montagnes rocheuses avec les hauts plateaux, le désert peint, la forêt pétrifiée, les canyons, les arbres immenses, la vue sur le Pacifique, les quartiers à gratte-ciels semblables à ces agglomérations de cactus cierges, le passage d’une heure à l’autre en changeant d’état, et l’idée qu’on peut encore crever la frontière et prendre le large.


9
 le regard précolombien

  Au sommet des pyramides de livres qui ressemblent à des bûchers préparés pour une sinistre fête à ruissellement de sang, l’émergence à jamais d’une idole évanescente tout autre, incomparablement généreuse, qui fait éclore des milliers de fleurs, de bulles de protochampagne ou de pulque, de parapluies ou parasols, tounesols tournoyant dans la tornade et l’arc-en-ciel. Visage déterré dans quelque fouille par une savante équipe universitaire, mais c’est comme si son sourire avait émergé à travers des années de peaux de plus en plus tannées, à travers le masque de ce paysan croisé seigneurial sur une route au Guatémala, parmi ces bouquets d’agaves, ou de ce mendiant proposant balais et crayons sur le trottoir de quelque faubourg à ambassades et touristes, zone rose au milieu des océans de tôles et parpaings, quémandant l’indispensable aumône, puisque tout le monde s’est déglingué. Le sourire à travers le masque de l’idole mendiante revendiquant à la fois l’antériorité, la continuité linguistique, l’expertise du malheur, l’ouverture sur des paradis d’obscurités chatoyantes, la lumière d’enfers défrichés.


10
 le regard sous-marin

  La scène de l’immense opéra lointain ; ou sa maquette dans l’atelier, ses multiples maquettes pour pouvoir nager d’essai en essai, légères, maniables ; ou l’atelier lui-même de taille intermédiaire entre ces deux extrêmes, maquette lui aussi, contenant les autres qui s’y déplacent, scène aussi, mimant la grande au-delà des mers ou déserts ; tout cela conçu comme un aquarium avec oxygénation, circulation, éclairages. C’est qu’il y faudra pouvoir au mieux chanter et danser dans les flots des regards, incarner héros et dieux dans tous leurs avatars et révélations, même les plus dérisoires, détailler les récitatifs, lancer les arias, reprendre en choeur, dialoguer avec les instruments, animer les décors, transfigurer les costumes et les accessoires, faire exploser l’amour, la vengeance, la découverte, tonner, supplier, charmer, déchiffrer, brûler sous les applaudissements ou le silence du public paralysé par l’émotion. Les poissons passent et repassent, leurs écailles devenant cuirasses, leurs nageoires des voiles et des ailes, leurs attroupements des mouvements de foule, leurs virages des glissements d’un règne à l’autre, d’une dynastie à l’autre, d’un régime à l’autre, dans les rotations des cultures et des astres, emportés par les courants et les marées du ciel.

P.-S.

Espaces / Butor

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