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TASIC Miodrag , Bronze

Publication en ligne : 5 janvier 2009
Première publication : 1997 / Monographies

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Artiste(s) : Tasic (site)

I

En voyant la masse aux lourds reflets de bronze, dis-toi qu’elle a exigé le travail des fondeurs, la chaleur volcanique de la fonderie, la science des métaux et de leur juste mélange, tous les outils nécessaires et les récipients adéquats pour faire du métal en fusion ce ruisseau de soleil coulant épuisé dans tous les creux du moule, pour les combler et y durcir ; pense à la matrice qui a contenu le bronze et dont le bronze conserve le souvenir.

Ibis

Le bronze est un rêve d’art premier aux origines de la métallurgie ; les oeuvres qu’il permet sont à peine moins éternelles que les constructions de mots et il doit au feu d’être une miniature accélérée de l’histoire de l’univers : toute étoile finit ainsi par perdre son rayonnement, refroidir, et se figer pour une nouvelle éternité.

 
II

Regarde ces masses de bronze, et rappelle-toi l’oeuvre des fusions et dis-toi que pour contenir le métal liquéfié et lui faire adopter la forme souhaitée, il a fallu élaborer des moules , veiller à leur épaisseur, à leur revêtement, déplacement, agencement. Rappelle-toi les moules et dis-toi qu’ils ont été construits autour d’une forme initiale désormais disparue, dont ils ont conservé, en leurs creux, le souvenir pour le transmettre à la coulée de bronze.

II bis

Le bronze est un souvenir volé à l’absence (comme ces traces de pas que l’on recueille après des centaines de millénaires, et qui nous rendent non seulent la trace du pied et le souvenir du mouvement mais aussi le type de déplacement, les postures, la forme et le poids du corps du marcheur.

 
III

En voyant la masse de bronze, rappelle-toi le travail de feu dans la matrice et celui de moulage autour de la figure de cire et celui de modelage de pâte tendre tiédie dans sa coupelle par une flamme discrète et continue (l’air à l’entour se consume et le travail se fait dans les parages de l’air mort) dont on se saisit à la limite de la liquéfaction et que l’on dispose sur la forme pour la travailler en souplesse, corps tendu (attentif), doigts danseurs, apposant ici, répartissant là, reprenant, creusant, ajoutant, interrogeant...

encore : travail de l’oeil et travail du temps

III bis

Le bronze retrouve le souvenir perdu de la cire qui, même si elle est aujourd’hui reproduite par l’industrie des hommes, porte en elle le travail têtu de l’architecture animale, obstinée répétition des alvéoles, trop doux bourdonnement des ruches sous les feux du soleil.

 
IV

En voyant la masse de bronze rappelle-toi qu’elle restitue non seulement de la forme de cire mais aussi de la trace des mains qui ont formé la cire (donné forme) et des mouvements des doigts qui l’on saisie, malaxée, déposée, modelée
 

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