Onzième salut : Comme une troisième trace du magma du dedans
On croit souvent que le but du lutteur est de frapper le plus violemment possible le corps de son partenaire. Il n’en est rien. Le lutteur cherche d’abord à prendre la mesure de l’air. Il effectue cette opération d’une embrassade rageuse de sorte que la lutte peut aisément passer pour une figure dépitée de l’amour.
Les diverses variantes que l’on connaît du geste des bras dépendent de la qualité de l’air, de sa densité, ainsi que de deux variétés d’espace : celui qui sépare les corps présents sur les lieux de la lutte, et l’espace propre du lutteur, singulièrement celui qui est compris entre son aisselle, son épaule et l’extrême pointe de ses doigts. Interviennent encore dans les gestes, les positions particulières du corps, et en tout premier lieu celles qui naissent des tensions relatives du torse, du bassin et des membres inférieurs.
Dans cette affaire, la brutalité des heurts n’est que le résultat plus ou moins fortuit d’un mouvement qui, considéré du seul point de vue de sa souplesse et de sa force d’entraînement, ferait aisément la joie d’un meunier.