Ici on détaille. Ici, on étiquette. On emballe. On met en caisse, en sac. Ici on code. Des fragments. Non, pas des fragments, des morceaux de corps ; je dirais bien aussi des « pièces », au sens que la boucherie donne à ce mot : torses, seins, hanches, sexes pieds. Et cela nous est jeté, ainsi, sans séduction aucune. Cadre de bois brut, pochoirs, peinture mal léchée surlignée de rouge.
Bois blanc poor wood c’est la pittura buttata
dégouttant facendo forme
it’s a bad painting it looks like un pezzo appeso
torses sex feet hanches piedi
Ici la désignation des fragments est double : par le travail du peintre, d’abord, par la technique du code barre, ensuite…
« Best before end… » annonce tel titre… et la date qui suit nous inscrit dans un double paradoxe : tout cela est bien meilleur… avant la fin du travail de l’artiste… Ce qu’Isabelle Boizard nous donne à voir, ce qu’elle nous permet de mettre à distance, ce à quoi elle nous permet de survivre, peut-être, c’est la tragédie de l’homme marchandisé.
you say it’s best before you read it’s best
before fin mais quoi de quoi c’est pér déjà rimé c’est date dép
mais vous ne saisissez pas no intendo niet nothing
so beautiful so sad so bad too bad too immensely sad
Ce monde est rude ; il n’a rien d’aimable. Nos corps s’y perdent, démembrés ; l’étiquette du code barre est un dérisoire et mortifère papillon. Et sont remontées à ma mémoire les premières œuvres que j’ai vues d’Isabelle Boizard : des corps souffrants dont elle avait recueilli l’intolérable souffrance en Ethiopie…
vous ne pouvez pas décoder c’est ainsi
l’impossibile lettura del codice on dit code codex may be mais
before what or when si vous n’avez pas la douchette
le scan vous ne saurez pas quoi le code c’est notre vanité d’
aujourd’hui le code illisible
vous ne saurez pas before when nor what vous ne saur ne pourrez p
pas livré le code du code before death
Il y a dans le travail d’Isabelle Boizard comme un écho de nos classiques
vanités : « Ce monde est rude, il n’a rien d’aimable, médite sur la vanité des choses, et cherche à t’en détacher… »
indeed before death prima di prima di mor prima della fine certo mais
c’est quand ça ces chairs qui se
défont couleurs dégou dégoulinantes chairs défaites
tu te dis la date te ne sarai accorto my dear croassant dans un air figé
parmi des plu nevermore nevermore ça tourbill papillon comme le
croassant never so good and best ce pied cette ombre
addio addio fiorello
màs nunca mi amor mi corazon