Rien n’est plus improprement nommé que le modèle.
Fleuve, le torrent t’envie, et l’un et l’autre irez vous fondre dans la tendresse de la mer ainsi dormir (parler) est une ville à l’érotisme lumineux, pleine de douceurs humides et odorantes, de liquidités vaguement poisseuses qui se réunissent en masses océanes dans l’halètement pénétrant des marées ; elle s’étage en strates, s’organise en voies de passage, impasses et détours, en terrains vagues et zones à conquérir.
Jamais je n’aurais connu le bonheur si ma langue ne s’était heurtée à tant de langues, rencontrées, formantes, jamais nous n’aurions connu le bonheur, si nous n’avions attenté à la solitude de Babel, nous forgeant tant de crânes en plus...
Le spectacle finirait-il ? Josué aspirait au repos, à l’odeur des rues de la ville, à la marche apaisante et au bruit sourd des pas dans la nuit des ruelles désertées, il imaginait les longues manches des boueux inondant des traverses, à la fraîche descente vers la mer, aux halos lumineux des restaurants affaiblis, à la rêverie de ses pieds dans la ville endormie, aux rares passants attendus, entendus de loin, au vagabondage des chiens flairant des poubelles entrebaillées.
Le spectacle finirait-il ? Il rêvait d’Epidaure aux murmures roulants, d’une toile de fond aux limites du monde, sentant la mer, rythmée de monts, remuée de souffles et de chuchotements.