Ton plaisir du nombre et de la géométrie, disait Dieu, est pervers...Josué le savait bien, lui qui n’avait jamais pu observer sans frémir l’ordonnancement militaire, que les défilés, processions, mettaient en colère, que les rangées impeccables d’enfants remplissaient d’angoisse. Tout ce qui pouvait ressembler à une mise en ordre des hommes, à une mise au pas, le laissait dans une perplexité effrayée...Uniformité des gestes, des vêtements, des pensées, des buts ! Il ne savait que trop la perversité de l’ordre et du nombre pour avoir si aisément
goûté à leurs contraintes rassurantes, à la force dont ils chargent tous les aveuglements.
Frères, je tends depuis si longtemps vers vous mes bras brisés ! Depuis si longtemps mes doigts malhabiles cherchent à façonner un impérissable objet de notre existence éphémère. Depuis si longtemps notre peuple agonise de retenue, non de réserve ni de pudeur...de retenue
Depuis si longtemps