Comment pourrais-je te tromper ? Comment l’aurais-je pu ? Jamais je n’aurais connu cet apaisement, cet envahissement du bonheur, si je n’avais su, si longuement, attendre le moment de faire errer sur toi mes yeux, encore peu sûre de mes yeux pleins des étoiles que le tissage emprisonne dans l’étreinte des fils, ouverts à la défaite et à l’écartèlement des nuits, et mes mains timides, ignorant depuis longtemps toute autre caresse, toute autre morsure que celle des fibres, et mon corps, tendu de l’attente, gorgé de temps et de désir, humide de larmes et de plaisir, au souffle soudain inégal, inspiration goulue et douloureuse qui oblige à la brusquerie de l’arrêt avant d’expirer trop vite et trop fort, détendu de se mesurer à toi, de retrouver ensemble la mesure de l’égalité des souffles, le calme de ma langue