De proche en proche tous les emplacements de la salle avaient été saisis par le tourbillon des sons, tantôt pénétrants, apaisants en de liquides murmures, ondoiements qui s’insinuaient en caresses subtiles entre peau et muscles, tantôt explosifs, ils ne laissaient même pas le temps de la reconnaissance et faisaient se crisper les machoires, aigus, ils se répétaient, lancinants…
S’il ne se reconnaissait que torrent, s’il se serait voulu fleuve, Josué savait que toutes les formes de l’eau entretiennent avec les plus subtiles densités de la planète, les lieux où elle devient système éthéré de dépressions et de souffles, un même amour nécessaire et passionné, qu’elles s’y écartèlent, défaites, subtilisées, qu’elles s’y régénèrent, s’y alourdissent, et, lors de la décomposition des vapeurs, renaissent, rideaux diaphanes, lâches cascades d’essaims irisés, et on n’en reconnaît le poids, après l’impact, qu’à la lourdeur humide, sur la peau, des tissus gorgés d’eaux, à la soumission des feuilles et des fleurs, à la fertilité des bruissements assourdissant le sol, à la poussée du souffle, myriades de gouttes qui se font océans
AOI