REFLETS ET ECHOS
La salle découvrit ses miroirs. Images multipliées dans l’illusion de l’infini. Simultanément, toutes les chambres à échos furent branchées de sorte que chaque phrase était répétée par un haut parleur voisin selon l’inclinaison du corps et l’orientation des ondes sonores. Multiplication infinie d’un illusoire contact... Josué avait rêver de projeter en même temps la figure du parleur... Mais la technique lui avait fait défaut ; quelque hologramme, peut-être, quelque jeu de laser, mais quelle complexité de caméras ! Combien d’objectifs aurait-il fallu monter, celer, maîtriser ! Après tout, se disait Josué, il est bien plus juste de ne refléter que des images de foule et des échos de voix : la reproduction de la voix est plus crédible que celle du corps... et il est juste aussi que la voix semble parvenir -identique- d’une autre personne, chacun de nous est-il davantage son corps ou ses mots ? Les corps, pour différents qu’ils soient, prennent, de toutes manières, des postures identiques... Les prennent-ils ? Je me serais laissé allé à la facilité de la technique... Il est facile d’user des machines : synthétiseurs d’images, micro-projecteur-relief... Me serais-je fourvoyé en installant les chambres d’échos ? Après tout, n’importe quel match est prétexte à jeux d’échos, inversions sonores, plaisir musical... Et même à reflets physique...
Je me frappe, la douleur est un miroir brisé. Où est la matrice de l’image éclatée ? Pièges à lumière...
Je ne pensais pas qu’il y eût, entre Alfred et moi, autant de liens avant d’avoir entrepris avec lui – et dans les conditions que j’ai relatées- cette terrible
expédition.
Je me frappe, disait Josué, cet écartèlement m’ouvrira-t-il ?
J
D’où que surgît le son fondateur, ce lieu devenait, au treizième moment, celui de l’inversion ; entretemps, sa circulation répondait à une géométrie simple, solide, première : esquissant d’abord l’isocèle, le son était repris au troisième point et projeté selon un angle droit avec une intensité suffisante pour sortir du cercle couvert par le son d’origine à nouveau repris comme pour poursuivre le carré, il
était encore augmenté et renaissait comme pour construire un hexagone dont le côté était égal au diamètre du cercle initial ; au septième point, pourtant, il s’intensifiait encore et sa circulation construisait un deuxième hexagone deux fois plus vaste… Ainsi, c’était au point de départ qu’à tous moments venaient se rompre et repartir toutes les vagues sonores, tous les déferlements, où convergeaient tous les échos.
Comment s’ouvrir ? Disait Josué… Quel rapport du reflet à l’éclat ? Et de l’éclat à l’éclatement ? De la constance aux retours, à l’alternance ? Quel rapport du son plein à l’écho ? Croyant m’ouvrir, je me fane et m’étiole, je m’affadis…
Eclats ou écarts ? Je m’abandonne aux séductions . Quand je pense, murmurait Dieu, que tu me traitais d’abécédaire !
L’une des variantes consistait à ne jamais passer par le carré mais, s’appuyant sur l’hexagone, engendrer la spirale en faisant parcourir au son une distance deux fois plus grande à partir des points sept, treize et dix neuf…