PATRICK QUILLIER
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Un homme mort qui n’a au grand jamais
Fait mourir d’autres hommes rarement
Connaît l’honneur d’être mis en statue.
Meurtri en poésie, quelle que soit
Sa foi, chaque poète, comme tel,
Entretient un culte polythéiste.
Dans le silence courroucé qui gronde,
Le poète entêté, à la jeunesse
Susceptible, s’enfuit loin des humains.
Ses yeux rougis de sang sont aveuglés
Par l’aride lumière au creux des ergs.
Il prend ainsi, dans l’encyclopédie
De la quête, sa place, loin des sphinx,
Loin des reines, loin de l’homme-néant,
Ce ver tout nu au milieu des mendiants,
Et il suit, sérieux, la voie négative
Vers l’aridité.
Et l’adolescence
De briser le cercle parfait gravé
Sur la pierre par le temps, à coup de
Chiffres dits dans un souffle imperceptible.
Quelques vieux bruits viennent rééduquer
L’oreille endurcie, et l’homme actuel,
Dans le lacis de sa peine présente,
Entend, plus ou moins près, la plus ancienne
De ses joies, comme autrefois la clameur
De l’eau ou le crépitement des flammes.
(Nul frottement ne peut épuiser l’eau,
Nulle obscurité éteindre le feu.)