Patrick Quillier
Tristan Cabral, le tumulte insolent
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Il n’a vécu que par pure insolence,
solaire au plein milieu de tout le mal
(il dit ne vouloir rien abandonner
du mal). Il porte des fusils plus lourds
que les épaules, portefaix patient
d’un crime qui revient quand la vision
d’un corps de mère excisé sous les arbres
active en lui les tourbillons violents
d’une enfance où les mots et les noms fuient
devant les transgressions inaugurales.
Il est au fond de lui un musicien
dont le haut bataclan est la clameur
de mille bataillons d’oiseaux aveugles
chantant envers et contre tout. Plantant
sa voix sur chaque sommet de colline
comme un vivant dressé au Golgotha,
il hurle : « Couchez-moi dans les bras d’un
enfant, car j’ai besoin de naître après
chaque massacre ! » Il parle de la chair
torturée, déchirée, déchiquetée,
brûlée, de chaque peuple assassiné.
De chaque peuple il dit la destinée.