MAX CHARVOLEN
Raphaël Monticelli : tu m’as dit que tu rencontrais peu souvent Bruno Mendonça. Mais que le personnage et son travail t’avait intéressé… En deux mots brefs, tu pourrais préciser ?
Max Charvolen : Nous nous croisions quelquefois dans des vernissages c’est ainsi qu’il m’ avait parlé de son rapport à la moto. Combien il avait eu d’accidents graves et combien il aimait rouler à grande vitesse sachant qu’un jour ça pourrait lui être fatal.
MC:Il y a dans son travail, notamment dans les performances, un rapport qui questionne le corps. De l’immersion dans la nuit d’une grotte avec une production de dessins en aveugle, aux objets qui sollicitent une manipulation particulière, et à ses rencontres de parties d’échecs simultanées, le corps est présent.
RM : Cette présence du corps, cet effort physique consenti pour faire art, cette pratique… musclée, sportive, de l’art… Quand on connaît ton travail, on se dit que ça doit sacrément faire écho pour toi.
MC : dans toutes nos pratiques, de la plus retenue à la plus extravagante, la façon de nous investir physiquement dit des choses qui vont au-delà de l’apparence immédiate.
RM : Ça semblerait un peu mystérieux ce que tu dis là… Mais je pense à ce que tu tires des espaces que tu investis. Tu investis un espace habitable : escalier, seuil, palier. Littéralement, tu t’y colles, et en retires une image qui va « au delà de l’apparence immédiate ». D’une certaine façon Bruno Mendonça colle aux livres, s’y investit, et en dit et en montre des choses qui vont au delà des apparences.
MC : Je voudrais revenir sur son rapport à la moto. Ça m’impressionnait. Il m’a semblé que sa pratique extrême de la moto pouvait prendre sa place dans l’ensemble du travail et pourquoi pas faire aussi sens dans l’oeuvre.
Il y a là quelque chose qui nous parle aussi de la limite et de la vie.