MICHAËL GLÜCK
Je suis le bohémien le troubadour d’étoiles
Celui qui vient danser au balcon lumineux
Celui qui rit de tout
Celui qui vient railler les amours épineux.
Je suis
l’ombre
Éternellement triste sous un masque blanc
Avec cœur pétrifié sous les regards du Temps.
Demain j’irai vous voir aux terrasses aux éteintes
Où traîne encor l’odeur des fêtes de la nuit.
Quand le vent vous aura pris au milieu des plaintes
moi je resterai seul bohémien des ennuis.
Et je resterai seule
illuminé bouffon
jouant d’un vieux violon qui grince
pour apprendre à danser aux elfes du salon
***
soleil
jour étranglé désert
soleil dans les embruns d’été
dans les frais gouffres noir de ton œil éclaté
la nuit
une anémone
piquée au masque
bouge
***
bleue d’outremer bleu ciel bleue peur
bleu teinté de mauve au soleil couchant
bleu vitrail bleu soif bleu gris décadent
bleues fleurs bleu noyé dans les flots de l’Oise
bleu des éclats fragiles de l’ardoise
***
algues vertes je divague
or rouge et soleil qui dort
voile éclaboussée d’étoiles
plaintes et vins de Corinthe
dans un dé les océans
laissent un peu de tristesse
***
vitrail
dans mes mains crispées
entre les doigts
les ombres
un caillou noir
comme un mensonge
***
des lyres délires
dérive cailloux
dérive carillon
des hameaux engloutis
divaguez mes images
dans les brumes matinales
***
tu es minuit flottant
dans l’aurore le miroir
tu es
l’Attendue
qui passe
contre l’ombre se love
un monde enfariné
pâle comme un Pierrot
mélancolique et sombre
***
Le jour a revêtu ses teintes déclinantes
grand linceul d’une nuit fait de rose et de gris
puis doucement le ciel de choses froufroutantes
s’allume comme lustre illuminant Paris.
Parfois quand tout se tait sur la ville endormie
J’écoute un air de bal qui revient de là-haut
La comète s’éloigne et s’éloignant oublie
la lune qui croissante enfile son zéro.
Moi au bord du chemin assis sur une borne
Je chante je souris. Je rêve aux orangers
qui fleurissent plus loin, je souffle dans ma corne
pour ramener du ciel l’étoile du berger.