3) Litanie d’eau
J‘ai fait mon second second livre, Litanie d’eau avec le dessinateur et graveur new-yorkais, Gregory Masurovsky, depuis longtemps installé à Paris, pour répondre à une commande de la librairie La Hune. Les images sont des eaux-fortes en noir et blanc, à l’horizontale ; le livre est à l’italienne, j’ai essayé de donner au texte formé de strophes de dix lignes assez longues, un format comparable à celui des gravures. J’ai décidé de colorer l’image avec les mots. J’ai utilisé un vocabulaire systématique, prenant une fois tel mot dans une strophe, deux fois dns une autre, et ainsi de suite. A l’intérieur j’ai déployé plusieurs arc-en-ciels de couleurs, le traditionnel et d’autres évoquant en particulier des liquides. Les images peuvent être décrites comme une surface marine animée par des météores, des trombes, des tourbillons de toutes formes. J’y ait fait couler du sang, du lait, de l’encre, etc. La perception de la gravure est profondément transformée par le texte apposé, la lecture par l’espace qui l’illustre.
Qaund j’ai repris ce texte, comme le précédent, dans Illustrations, j’ai disposé les strophes en bas et fait tourbillonner au-dessus un certain nombre de citations d’auteurs divers.
Chaque fois cela a été une aventure différente. L’essentiel pour moi a toujours été de me demander comment travailler avec l’artiste, imaginer quelque chose avec lui, entrer à l’intérieur de son imagination ; cela m’a permis d’ouvrir à l’intérieur de ma propre imagination des chambres qui m’auraient été autrement fermées. Les textes que j’ai écrits dans ces conditions n’auraient jamais vu le jour sans la confiance que ces artistes m’ont accordée. Tout cela a représenté des relations, passionnantes, une vie...
J’aime la peinture, mais j’aime surtout les peintres, les ateliers des peintres, parler, manger avec des peintres, regarder avec eux. Tous ces livres sont le résultat d’une profonde affection.