Localisation : 51° 40’ 51.21’’ N - 9° 26’ 54.9’’ W
L’eau froide de l’anse miroite au soleil vif de midi ; quelques barques se déhanchent près du port. Au centre de la baie émergent les pilotis et les ducs d’Albe qui signalent, sous les vaguelettes de la surface, un élevage de coquillages dans une prairie océane.
Derrière le château un long jardin monte en terrasses successives jusqu’au sommet de la colline. On accède de l’une à l’autre par de rudes escaliers, et l’on pense qu’il doit y avoir, ainsi, des cercles du paradis comme il y a des cercles de l’enfer. Au fur et à mesure de la montée le panorama s’ouvre sur la mer, le château s’abaisse, on retrouve enfin la baie au-dessus de son toit. La fraîcheur de l’air et sa pureté, la netteté des couleurs nous font entrer dans un tableau de Dufy.
On redescend par des allées sableuses qui tournent au large et ramènent à la pelouse émeraude où s’étire le château entre buissons de roses et vasques de fuchsias. On s’assied quelques instants dans l’herbe devant l’ample baie bleue, pour mâcher une marguerite en rêvant sous les rêveurs petits nuages blancs qui parsèment l’azur. On pense aux marins français venus il y a deux siècles au secours des catholiques irlandais, qui furent dispersés par la tempête dans cette même baie et qui moururent sans mettre seulement pied à terre.
Le village comprend deux rues parallèles et quelques restaurants sans ambition où l’on mange le saumon rose de la baie. A Bantry on vient de Cork, on va à Killarney par le col de Ladies’ view ou par le Beara déchiqueté ; et de Bantry à Glengariff on a l’âme élargie par l’Océan et le ciel immense qui vient de France.