Josué avait un rythme de torrent ; il avait du torrent les apparents caprices, l’apparente irrégularité, cette activité plus ou moins visible et qui, qu’elle soit spectaculaire ou occulte, a toujours quelque chose à voir avec le désespoir. Il avait du torrent les excès désespérés ; la même aridité leur était commune et saisonnière ; chaotique monument de galets, figeant son cours mais le rappelant sans cesse, image de la fluidité, comme une fossilisation de l’écoulement, et l’on sait bien que les nappes, cachées par en dessous, subsistent et bougent ; que, dans le calme et la certitude de poches profondes, des eaux limpides attendent la ruée ; que la surface ne se borne pas à restituer un squelette du courant ; qu’elle est l’épiderme d’une circulation constante qui a ses enchevêtrements, ses errances, toute une vie insoumise, irréfrénée ; le torrent peut, aux yeux du monde, crier son angoisse et sa souffrance, il