Restes
Regardant par la fenêtre je vois bien que l’automne n’a rien de ce que j’imagine. Au-dehors il ne se passe pas grand-chose. Et même presque rien. Rien qui suppose que nous en parlions. Le temps des choses à l’extérieur semble s’être fatigué. Laissez-moi là un instant. Je vais m’asseoir un peu. C’est peut-être en cela que consiste l’époque des silences. Quelque chose comme un changement d’allure – je continuerai à mon rythme.
Au-dedans de ton corps la pluie fait un bruit immense. Marchant au-devant des heures nos yeux retournés à l’arrière du visage – nous prenons garde aux saisons restées à l’intérieur de notre ombre – dans le voisinage de nos pas retardés par des effondrements de toute sorte. Lorsque tu ouvres les bras c’est déjà une façon de partir. C’est déjà le moment des adieux lancés à travers le ralentissement des rythmes de ta chair. N’est-il pas facile de s’en aller lorsqu’il t’est permis de venir toi-même au-delà de ta situation propre.
Le commencement est cela qui doit se tenir droit au creux de la main. Et rejoindre dans le calme le milieu de ton ventre. Que penses-tu de la pluie qui s’impose à tes membres. Je deviens et plus jeune et plus vieille que moi-même. Le retard des saisons à l’ombre de ta silhouette ne cède plus à tes jugements. Mais tu es cela qui a eu lieu sans personne il y a encore quelques minutes. Cela qui lorsque les sols s’écroulent trouve un ultime refuge au-dedans d’une main refermée sur l’évanouissement de tes rythmes intérieurs.