RAPHAEL MONTICELLI
DOUZE
(se fait terre se sait vent et bruit [ ]
tu sens filer hésiter se figer la chaleur air épaissi
chants sourds air poudre tourne gorge sèche l
e bruit l’air qui pousse expulse des canaux la vie
ma lance double me perce quand je perce forces cachées qui m’é[ ]
cesse [ ] ce qui me tord ce qui me brûle chaude
c’est la fin c’est l’hésitante tu le sais
les voix s’en sont allées
doux sons du bronze ta morsure te le dit tu l’as tué tu [ ]
rêve [ ] d’heures pâlies meurs tu t’apaises
le sang sèche la terre le temps me dure et darde
le temps se tord l’a bu mourant mourante tu chantes
terre motte d’eau fondant je tombe
perte l’espace doublement t’accueille
soleil allié aveugle le jour fut)
Madame est sœur de l’herbe par sa façon de faire corps avec la terre il n’y a pas en elle l’élancement des branches la tension des feuilles la grâce naïve des fleurs et des fruits Madame herborise
Et vous portez en vous cette image trop lourde : le travail d’une artiste, ici c’est Anne-Valérie Gasc, vient de vous atteindre. Ses images –trop fugaces- sont venues occuper une région en vous. Vous ne savez où. Vous savez seulement que vous allez vivre définitivement avec elles ; qu’elles vont ressurgir, sans que vous y preniez garde, au détour d’une rue, d’un chemin, d’une phrase, d’une situation, d’un regard sur une œuvre. Elles vont, sourdement creuser leurs mines en vous. Et vous faire vivre autrement.
Sous les cercles enchevêtrés
La chair défaite des envies
Au fond des tonneaux du mythe
Ici c’est l’ardeur consumée
La cendre fraîche des oublis
Ce serait le paradis