RAPHAEL MONTICELLI
HUIT
C’est encore à Graz que vous l’avez entendue dire : « Sysiphe ne s’arrête pas »7… Elle non plus. Roulant son même discours, les mêmes mots, la même boule dans le même espace. Vous non plus vous n’auriez pas dû vous arrêter. Mais d’autres ont pris votre place ; les gens ne sont jamais les mêmes. Sortir du tragique, par la porte de l’ascenseur.
Moi cocon moi momie fuseau
En moi-même enseveli
Transpirant mes propres ruines
Oiseaux fondus dans l’eau du ciel
Aile engoncée dans les cascades
J’implore en vain leur retour
(ailes mes yeux ouverts ma vie
dressée et tendue j’inspire et crie mon chant
Appel entendu la terre tremble de ce qui m’étouffe et me tord
dressée et tendue j’inspire le cri cris
vibre perte tombe mes doigts tremblent [ ]
les ch[ ]ou[ ]
ailes mes yeux ouverts la vie [ ]
tue ce qui me tue ma tête tape voix de bronze la guerre
entre nuit et douleur le temps tarde
je crie mon souffle tord le vent le bruit des feuilles
l’air qui s’efface les chants [ ] ma lance double
me perce quand je perce)
Madame resserre l’espace des instants, elle coud les heures les unes aux autres pour en faire des atours ne scintillant que de la différence des temps et toute la durée d’un trajet –ce laps de temps- Madame noue les points écartés de l’espace le monde se tord autour des fils comptés des jours