RAPHAEL MONTICELLI
CINQ
Madame aux yeux chargés des airs du large. Elle nage sur la crête au dessus des toits et soudain plonge. Elle recueille avec l’opiniâtreté lente des anges, des bribes de vie, des gestes furtifs et la gamme complexe des clins d’œil. Elle en fait des bouquets fugaces et inattendus : le chant timide du monde mouvant.
L’incendie –quelle fiction !- est une fiction : il faut brûler les villes à vraie hauteur de nos moyens de destruction. Partout porter la guerre : celle-là seule que nous pouvons porter et dont nous savons pouvoir sortir vainqueurs. Vous vous dites : « C’est du tragique que Anne-Valérie Gasc tire les raisons et les modalités de la lutte » ; vous ajoutez en vous-même : « Si de nombreux artistes ont présenté leur travail comme une lutte, un engagement physique dont on ne sort jamais indemne, on rencontre moins souvent cette attitude de guerillero, cette organisation stratégique qui font de l’art non le corps à corps de la boxe, mais l’organisation systématique d’une stratégie du harcèlement, non pas la lutte où l’on reçoit des coups, mais la guerilla où l’on en donne ». L’utopie des contre-feux face à l’armada qui nous envahit. « Voilà une artiste, vous êtes-vous dit enfin, en recherche d’un nouveau statut de la radicalité artistique ». Une nécessité nouvelle de l’art.
A travers des temps sans partage
Je rêve de jardins froissés
Qui retrouvent des épousailles
A des filets ouverts sans fin
A la plongée des goélands
Dans les gorges océanes
(soleil allié aveugle le jour vient
entre nuit et clarté le vent le vent le bruit des feuilles mon souffle au matin s’env[ ]
ailes mes yeux ouverts les ailes lèvent l’ombre creuse bruit voix
soleil allié aveugle le jour vient ailes lèvent
l’ombre creuse heure chargée de rêves pâles entre nuit et clarté le vent
dressée tendue j’inspire et parle)