RAPHAEL MONTICELLI
12 fictions pour Anne-Valérie Gasc
DEUX
Ce travail vous est apparu d’abord –d’emblée- comme un questionnement de l’urbanité, des relations –ou des non-relations- dans la ville : vous avez vu Anne-Valérie Gasc investir tout un continent, des pays et des villes. Vous vous êtes laissé aller au charme immédiat des noms : « Huesca, Vienne, Vanves, Budapest », vous l’avez vue mettre le feu –en fiction, mais quelle fiction !- à tous les monuments d’une capitale1. Elle est bien une Ulysse, destructrice de villes – par ruse et par raison- et vous savez pourquoi le chant des femmes en guerre sans trêve vous revient à l’évocation de son nom.
Madame aux yeux de nuit. Elle va de fenêtre en fenêtre, embrase les bouches de la ville au loin le roulement des fièvres la plainte des assiégeants elle découpe l’espace.
(mon souffle
au matin s’étend mon souffle au matin s’éve[ ]
antiques voix de bronze
entre nuit et clarté
le vent mon souffle)
L’eau s’effiloche en nuage
Si tu me disais mon amour
Comment tes yeux se sont rayés
Aux barrières des octrois
Et aux portails des cathédrales
Je pourrais au moins espérer
2 « Stratégie N° 1 » L’assaut direct, pochoirs de papier calque, peinture acrylique rouge, Budapest, 2004