Restes
On n’est jamais plus près de l’herbe qu’au moment des chutes intérieures. Quand les mains hésitent encore à remuer. Toi la figure à genoux toi qui penches tes yeux sur ce qu’on appelle le sol – qu’attends-tu. Immobile – tu as peut-être trouvé le repos – trouvé le dernier effort. Rester au-dedans de soi-même – et supporter le plein. Tu as peut-être découvert qu’au-delà des plis – c’est le ciel qui te sert de coque.
De là je te parle – avec ma voix du bien connu avec cette voix des trottoirs que tu as tant écoutée. Au-delà de toute cérémonie je te regarde – toi la face fermée toi la figure recueillie au milieu de ce sol. Ce sol – tu le sais – ce n’est pas de l’herbe. Tu le sens – tes genoux imprimés sur le haut des pavés – tes genoux n’y laissent aucune trace. Mais au-dedans de ton effort tu as trouvé quelque chose comme la confiance. Comme le retour au calme de la terre.
Au plus près de l’herbe qui devrait être là – tu te dis que tout est au mieux. Ton corps d’ailleurs est recouvert de quelques feuilles tombées après ta chute – que tu aimes transpercer çà et là. Sais-je seulement si tu aimes cela toi l’enveloppe jetée ici au milieu des cours d’enfants aussi bien que des rues. Sais-je seulement quelque chose qui te concerne – toi qui es tellement pleine de toi-même – toi que l’on ouvrira bientôt pour attraper ta chair. Nous les pas imprimés sur le sol – nous les corps affamés de ton plus pur intérieur. Qu’importe le lieu où l’on t’aura ramassée.